Une campagne de sensibilisation contre la violence conjugale au Maroc vient d'être lancée par le secrétariat d'Etat chargé de la Famille. Chaque jour, les téléspectateurs marocains réunis le soir devant leur petit écran sont interpellés par des spots télévisés dont l'objectif est de donner une image repoussante de la violence contre les femmes et de sensibiliser les hommes… Une campagne de sensibilisation contre la violence conjugale au Maroc vient d'être lancée par le secrétariat d'Etat chargé de la Famille. Chaque jour, les téléspectateurs marocains réunis le soir devant leur petit écran sont interpellés par des spots télévisés dont l'objectif est de donner une image repoussante de la violence contre les femmes et de sensibiliser les hommes sur l'impact négatif de ce genre de comportement sur la stabilité psychologique des enfants. L'initiative du département chargé de la Famille est sans doute louable. Car, à travers le petit écran, le message passe plus facilement et peut arriver à destination de ceux qui se refusent toujours à mépriser ce genre de comportement primitif. Toutefois, il faut reconnaître que le problème de la violence contre les femmes n'est pas uniquement une question de sensibilisation. Car aucune campagne ne pourrait pousser un homme qui se permet de frapper sa femme à changer de comportement vis-à-vis de sa conjointe. La sensibilisation n'a, dans le meilleur des cas, qu'un effet momentané sur la personne concernée, en produisant chez elle un sentiment de culpabilité qui ne tarde pas à disparaître. D'ailleurs, les récits des femmes ayant souffert de ce genre de comportement prouvent que la plupart des hommes qui frappent leurs épouses finissent, quelques heures plus tard par regretter leur comportement, demander pardon et promettre de ne plus jamais recommencer. Une promesse qui n'est presque jamais tenue, puisque la plupart finissent par récidiver. À partir de là, il faut avouer que la meilleure solution est de renforcer l'arsenal juridique et les mécanismes judiciaires visant à réprimer tout acte de violence contre les femmes. Au niveau juridique, les textes actuels du code pénal classent la violence à l'égard des femmes dans un cadre plus général de violence physique contre une personne, indépendamment de la nature conjugale qui unit l'agresseur et la victime. L'absence de cette distinction entre le crime perpétré contre une personne étrangère et celui commis contre sa propre femme fait en sorte qu'il soit difficile aux épouses victimes de la violence conjugale de recourir à la justice. "Comment puis-je porter plainte contre mon mari le matin sachant que le soir, je me trouverai seule avec lui à la maison", se demandent généralement les femmes quand on leur conseille de porter l'affaire devant la justice. D'où la nécessité de créer des mécanismes judiciaires de protection des femmes qui osent aller jusqu'au bout, en portant plainte contre leurs agresseurs. Par ailleurs, il faut reconnaître que le problème n'est pas uniquement une question judiciaire. C'est une question aussi d'éducation. Et sur ce niveau, ceux qui élaborent les programmes au niveau du ministère de l'Education nationale doivent se rappeler d'intégrer les notions de respect des femmes et de réprobation de tout comportement agressif à leur égard. Bref, ils doivent aider à cultiver la culture de l'amour au lieu de fomenter la haine et la violence.