L'artiste plasticien Saïd Bouftass expose ses œuvres à l'espace Expressions de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) à Rabat. Cette exposition se poursuit jusqu'au 29 décembre 2004. «Corps accord » est le titre de l'exposition qui se déroule actuellement à la galerie de la CDG à Rabat. Cette exposition est signée Saïd Bouftass, un artiste plasticien né en 1963 à Casablanca et diplômé des Beaux-Arts de Paris. Passionné du corps humain, Saïd Bouftass base son travail entièrement sur l'Homme. Cet homme est représenté sous la forme d'un corps complètement décharné, dépouillé de sa peau. Seuls les os restent visibles. Dépouillé de ses tissus mous, seul le squelette subsiste. L'ossature semble être un domaine qui passionne et qui intéresse l'artiste. Cela a même fait l'objet de sa recherche pour l'obtention du doctorat ès-Art Plastiques à l'Académie des Beaux-Arts de Paris. En effet, cette recherche est intitulée : «La morphologie du corps humain entre Science du corps et pédagogie artistique». A la manière d'un anatomiste, Saïd Bouftass dessine l'ossature de l'Homme, il n'en garde que la charpente. Selon un observateur : « le corps intrigue Saïd Bouftass et le sublime à la fois, c'est pour cela, qu'il tente de le saisir dans le moindre de ses mouvements ». Cependant, en dépouillant l'Homme de sa chair, c'est une manière de lui faire perdre sa vie. Alors, pour échapper à cette certitude, et pour éviter de passer pour un assassin, Saïd Bouftass donne de la mobilité à ses ossatures. Ce sont des squelettes certes, mais qui sont animés. Ces séries d'œuvres, qui sont exposées à la CDG, évoquent en effet la technique image/image propre au cinéma d'animation. Un autre domaine propre à Saïd Bouftass. Cet artiste est aussi créateur de dessins animés. En effet, sa passion l'a mené à la physiologie, au mouvement et au dessin animé, l'expression artistique la plus complète et qui joint l'image, le mouvement, le son et la réalisation. Professeur à Art'Com, école de Design et de Communication de Casablanca, Saïd Bouftass, fondateur de la première société de dessins animés au Maroc, vient juste de créer une société de production de courts-métrages en dessins animés : «Arterama production». En outre, les dessins de Saïd Bouftass sont créés pour la plupart en encre de Chine. Le noir sur fond blanc est dominant dans les œuvres de cet artiste plasticien. C'est cette même couleur sombre qui donne une impression de tristesse. Certains pourraient même penser que cette façon de traiter ce sujet est trop macabre, morbide pour l'art. Même les titres des dessins – «Précarité», «Pardon», «Divergences» «Interrogations» - traduisent un certain pessimisme transmis par l'auteur. Mais cette tristesse et ce pessimisme sont selon l'artiste propre à l'Homme. Selon, lui, chacun de nous, porte en lui-même une blessure secrète et qui finit avec le temps par le ronger. « Cette exposition est dédiée à tous ceux qui reconnaîtront, dans mes dessins, cette «blessure secrète» qui gît en nous», dit l'artiste. Saïd Bouftass semble être passionné par la double caractéristique du corps. Il déclare lui-même : «Le corps révèle autant qu'il masque ». Cette double fonction est le propre de l'Homme. C'est à la limite de l'énigmatique. Cette même énigme a touché Saïd Bouftass qui ajoute: «Il y a dans mes dessins, un sentiment d'une énigme contenue là, à la portée de la main et du regard et pourtant insaisissable : toute la fragilité et la force de la condition humaine ». C'est peut-être une manière pour l'artiste de pousser le spectateur à s'interroger sur la condition humaine, et de se remettre en question.