Tous les moyens sont bons pour les internautes «faussaires» pour récolter les abonnés, les fans, les partages et les mentions «j'aime»… Avec le déluge de documents, de fichiers, d'images ou encore de vidéos qui déferle sur la Toile, l'internaute n'est plus en mesure de savoir le vrai du faux. Surtout quand on sait, en plus, qu'avec les nouvelles technologies, les applications et autres logiciels accessibles à tous et téléchargeables à volonté, n'importe qui peut fabriquer n'importe quel document, image ou vidéo, les modifier et les faire passer pour des authentiques. Le nombre d'exemples à travers le monde, y compris au Maroc, de buzz qui ont été suscités par de fausses informations est incalculable. Les vidéos truquées, les fameux «fakes», sont devenues monnaie courante utilisées pour faire du buzz: des OVNI, des monstres marins, des accidents rocambolesques ou encore des requins qui nagent dans un centre commercial inondé, un président américain qui tient un livre à l'envers... tous les moyens sont bons pour les internautes «faussaires» pour récolter les abonnés, les fans, les partages et les mentions «j'aime» qu'ils pourront après monnayer auprès des éditeurs et moteurs de recherche mondiaux. Si, pour ce genre de cas, il s'agit de «fakes» plus ou moins inoffensifs, quoique malveillants, dans bien d'autres situations les fausses vidéos sont utilisées pour nuire. On se rappelle quelques cas connus comme la fausse vidéo pornographique attribuée à des hôtesses de l'air d'une célèbre compagnie aérienne qui s'était avérée être un vrai tournage fait par des actrices et toute une équipe de production en bonne et due forme. Pourtant, cela n'a pas évité à la compagnie les retombées catastrophiques de cette mauvaise publicité. On peut deviner facilement ce que de telles armes de destruction massive peuvent représenter pour des personnes malintentionnées, des compétiteurs, des concurrents, des hommes politiques... Au Maroc, le faux et usage de faux sur les réseaux battent leur plein. Les millions d'internautes marocains en sont friands. Et quand, en plus, s'y mêlent les coups bas et les manœuvres politiciennes sur fond de campagne électorale, comme c'est le cas depuis quelques mois... Et certains de nos politiciens ont encore plus de génie : ils ne relaient pas les fakes mais ils les «commentent» en y mettant un zeste de moralisation, de désolation et de dénonciation faussement innocentes. Au lieu de jouer le rôle qui est le sien, à savoir éduquer, encadrer la jeunesse et l'initier aux pratiques saines et aux valeurs humaines que sont le respect, la tolérance, la sacralité de la vie privée, notre classe politique attise les clivages. Car quand bien même des vidéos, des photos ou des documents seraient authentiques, nos politiciens en surfant sur la vague accordent implicitement de la légitimité à la nouvelle doctrine selon laquelle n'importe qui serait en droit de filmer ou de prendre en photo qui il veut, quand il veut et diffuser à des millions sur Internet et les réseaux sociaux dans l'impunité la plus totale. Résultat des courses : mieux vaut se barricader chez soi, ne plus sortir, éviter les lieux publics et même les occasions et fêtes de famille, se passer des moments en privé avec des amis, ne plus se mettre en maillot au risque d'être épinglé par un de ces fous et faux justiciers qui se croient en droit de faire la morale aux Marocains. Et tout cela profite à qui...?