La stratégie qui sera prônée au nom du Maroc à la COP22 repose sur trois initiatives complémentaires. Une première initiative est dédiée à l'adaptation de l'agriculture africaine (Triple A : Adaptation, Agriculture et Afrique) alors que la deuxième est centrée sur les oasis «oasis durables». La troisième se focalise sur la pêche et précisément sur la «ceinture bleue». A l'aune des changements climatiques et des nouveaux défis qui s'imposent, la question de la durabilité et de la préservation des écosystèmes et des ressources se pose avec acuité. Quels modèles développer et quelles solutions adopter sont des sujets de réflexion et de programmes en concertation ou en application pour les différents pays du globe. Le Maroc s'inscrit pleinement dans cette démarche et prépare sa feuille de route à quelques jours de la tenue de la COP22 à Marrakech. La conférence tenue récemment à Agadir s'inscrit dans une série de conférences initiées par la Green Growth Academy spéciale climat, et cette fois-ci en partenariat avec la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, et l'ambassade des Pays-Bas au Maroc. Pour le ministre de l'agriculture et de la pêche maritime, créer les conditions de la durabilité des agricultures et de la pêche est primordial. Les deux secteurs représentent deux pivots de l'économie. L'agriculture assure 4 millions d'emplois et les produits issus de la pêche constituent près de 50% des exportations alimentaires, alors qu'en Afrique c'est près de 70% de la population qui dépend de l'agriculture. Mais comment assurer une durabilité tout en prenant en compte les aspects environnementaux, sociaux et économiques et les aléas du développement ? «La COP22 doit concrétiser les succès de la COP21, notamment en posant le cadre des solutions pour atteindre l'objectif – officiellement inscrit dans l'Accord de Paris – de «contenir l'élévation de la température moyenne de la planète nettement au-dessous de 2°C». La COP22 doit aussi permettre de mettre en avant des projets d'atténuation et d'adaptation, soutenus par la promesse des pays développés de mobiliser «au moins 100 milliards de dollars par an» à partir de 2020 dans les pays en développement», souligne Aziz Akhannouch. La stratégie qui sera prônée au nom du Maroc à la COP22 repose sur trois initiatives complémentaires. Une première initiative est dédiée à l'adaptation de l'agriculture africaine (Triple A : Adaptation, Agriculture et Afrique) alors que la deuxième est centrée sur les oasis «oasis durables». La troisième se focalise sur la pêche et précisément sur la «ceinture bleue». Dans l'état actuel des choses, selon les données énoncées par Aziz Akhannouch, l'Afrique ne capte qu'une faible portion (inférieure à 5%) des financements pour la lutte contre les changements climatiques. L'adaptation, quant à elle, bénéficie de moins de 20% des financements publics pour le climat, alors même que les textes de la convention-cadre des Nations Unies prévoient une «répartition équitable entre atténuation et adaptation». Par ailleurs, et avec 4% de ces financements, l'agriculture est l'un des secteurs les moins dotés pour lutter contre les changements climatiques et leurs effets. Et c'est en réponse à ces défis que vient l'initiative du Triple A. «Forte de ce constat, l'initiative AAA «est structurée en 2 volets : mettre l'agriculture au centre des négociations climat et appuyer le principe d'un financement plus important et d'un suivi (monitoring) des fonds effectivement déboursés pour l'Adaptation, l'Agriculture et l'Afrique, ainsi qu'un accès facilité des projets africains aux fonds climat ; et contribuer au Global Climate Action Agenda en mettant en avant des projets et bonnes pratiques africaines dans les domaines de la gestion des sols, de la maîtrise de l'eau agricole, de la gestion des risques climatiques et du financement de l'agriculture familiale», annonce le ministre de l'agriculture et de la pêche maritime. Pour ce faire, une structure sera mise en place pour assurer la mise en œuvre et la pérennité de cette initiative. La structuration de cette organisation est en cours. La mission de cette organisation sera de mettre en place des projets climato-intelligents qui contribuent à l'adaptation de l'agriculture en Afrique et à faciliter le financement. Elle veillera également sur le sourcing des projets en ligne avec les priorités du «AAA» et sélectionnerait ceux susceptibles d'être financés par des bailleurs de fonds. Afin d'aider les porteurs de projets sélectionnés à lever des fonds, l'organisation «AAA» les aiderait à structurer leurs projets, puis assurerait un monitoring de leur financement. La seconde initiative dédiée aux oasis durables s'appuiera sur une coalition (Etats, organisations internationales, ONG, communauté scientifique, secteur privé…) œuvrant en faveur de l'obtention d'un statut spécifique reconnu par la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et de la création d'une structure et d'un fonds dédié destinés à accompagner des projets pour le développement durable dans les zones oasiennes. Ceci étant, la troisième initiative «ceinture bleue» se focalise sur la pêche maritime. Elle s'inscrit dans la continuité de l'initiative «croissance bleue» promue par la FAO et s'appuie sur les principes de l'économie verte et de l'économie circulaire. «Cette initiative s'articule autour de trois axes prioritaires : appuyer l'émergence des systèmes intégrés d'observation côtière et favoriser leur intégration au niveau mondial, encourager les actions pour la pêche durable sur l'ensemble de la chaîne de valeur, jusqu'au consommateur et favoriser le développement d'une aquaculture durable et en particulier de l'algoculture», explique-t-il. La conférence s'est déroulée en présence, entre autres, de Miriem Bensalah-Chaqroun, présidente de la CGEM, et du représentant de la FAO au Maroc.