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Le projectionniste de la place Jemaâ El Fna
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 25 - 09 - 2002

Il est volontiers volubile et ne cache pas sa fierté. Pierre Ebollo, un Français d'origine camerounaise, est le projectionniste des films en plein air à la place Jemaâ El Fna.
Un projectionniste est une personne que l'on ne voit pas d'habitude. On peut le siffler lorsqu'il censure des scènes, mais il demeure invisible à l'œil des spectateurs. Des projections en plein air ont eu lieu tous les soirs à la place Jemaâ El Fna dans le cadre du Festival international du film de Marrakech. Un homme se tient sur un échafaudage devant la machine d'où sortent les images. Il n'a pas peur de s'exposer aux regards du public. C'est le projectionniste ! Il s'appelle Pierre Ebollo et exerce son métier depuis «très longtemps». «Du temps où je vivais au Cameroun, mon pays d'origine, j'étais déjà projectionniste» dit-il. «Nous avons installé les projecteurs au Palais Badii et ici à la place Jemaâ El Fna. Au palais Badii, tout est numérisé. Ici, c'est en mono. On ne pouvait pas mettre les ambiances ici avec tous les bruits qu'il y a sur la place» ajoute-t-il. «Il y a du monde à la place Jemaâ El fna. Elle est très africaine cette place. Il y a la fête. Personne ne gêne !
Tout le monde y trouve son compte. Chacun a sa place en Afrique. Et ce que je vois dans cette place le montre.
Nous sommes ici pour les films, les conteurs et les musiciens font leur travail à côté. Depuis qu'on a démarré les projections, il n'y a jamais eu de plainte. D'ailleurs, le commissariat est juste à côté» précise-t-il le plus sérieusement du monde, avant de déclarer: «cette place, c'est un peu l'Arc de Triomphe de Marrakech». Et le public ? «Il est superbe.
Les gens regardent tous les films. Ailleurs, ils ne regardent que les grands films. Cela veut dire que le public marocain a soif de cinéma, et qu'il n'a pas toujours les moyens de se payer un ticket dans les salles.» Ebollo revient après sur le métier ingrat qu'il exerce. «On ignore les projectionnistes. C'est dommage qu'ils soient marginalisés. Mais dans chaque profession, il y a des parents pauvres. Les projectionnistes sont la branche morte des métiers du cinéma. Pourtant, c'est eux qui tiennent la baraque.»


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