Militant nationaliste de gauche et leader du Mouvement de la résistance contre le protectorat français, Mohamed Fqih Basri est décédé mardi matin à Chefchaouen à l'âge de 73 ans. Le Mouvement des anciens résistants et anciens membres de l'armée de libération est en deuil. Mohamed Fqih Basri n'est plus. Né à Demnat, Mohamed Basri avait commencé ses études à l'école coranique avant de rejoindre en 1944 la faculté Ben Youssef de Marrakech où il avait fait ses premières armes en tant que résistant contre le colonisateur français. Arrêté en 1954 par les autorités du protectorat, il parvint à s'évader de la prison de Kénitra en 1955. Après l'indépendance, il participe à la fondation de l'Union Nationale des Forces Populaires (UNFP) suite à une scission avec le Parti de l'Istiqlal en 1959 et dirige le quotidien ATTAHRIR. La même année, il est arrêté en compagnie de Abderrahman Youssoufi, lequel était à l'époque rédacteur en chef du journal précité. En 1963, feu Basri est à nouveau entre les mains de la police. Il subit comme plusieurs autres cadres et militants de l'UNFP une torture atroce. Les forces de l'ordre sont allées jusqu'à diffusée un enregistrement d'un interrogatoire dans lequel l'on fait part d'une tentative d'un coup d'Etat avorté . En 1966, il choisit, comme son camarade Youssoufi, l'exil volontaire. Il s'installe au début en Algérie et en Libye avant de regagner Damas. Lors de ses années d'exil il s'est distingué par son opposition au Palais et par une ambiguïté organisationnelle vis-à-vis de son parti, l'UNFP. Cette dernière était à l'époque partagée entre au moins trois options majeures. La première préconisait l'option révolutionnaire, la seconde accordait trop d'importance à l'action syndicale et la troisième plaidait en faveur d'une réconciliation nationale, à travers l'amorce d'une ouverture démocratique. En 1973, suite à l'échec de la tentative de déstabilisation du pays connue sous le nom de Mouvement du 3 mars ou de Moulay Bouazza, la direction du parti qui se trouvait à l'intérieur du pays décida de clarifier ses positions et de rompre avec toutes les options aventuristes. Depuis lors le défunt prit un nouveau tournant en créant son propre courant à l'étranger et en publiant une revue portant le nom de l'option révolutionnaire. En juin 1995, il regagne le Maroc, en compagnie de Abderrahman Youssoufi. Mais la nomination de ce dernier à la primature, en 1998 a eu pour effet l'éloignement de ses deux amis. Trois ans, plus tard, à l'occasion du VI ème congrès de l'USFP, la séparation entre les deux options se confirma. Les échos de sa conception relative à la création d'un large bloc historique sont restés limités sur certains intellectuels et activistes de gauche. Victime d'une crise cardiaque, Mohamed Basri avait subi dernièrement une opération chirurgicale à Paris. Après cette opération, le défunt a adressé à SM le Roi Mohammed VI, un message de remerciements et de gratitude, écrivant notamment : « Après m'être réveillé de l'état comateux dont j'étais victime à la suite d'une crise cardiaque, et de l'opération chirurgicale qui s'en est suivie, grande était mon émotion en apprenant que Sa Majesté le Roi a pris en charge les frais des soins qui m'ont été prodigués et ceux ayant trait au transport et au séjour de ma famille». Hier matin, il est décédé et ses obsèques doivent avoir lieu ce mercredi à Casablanca. Nous sommes à Dieu et à Lui nous retournons.