Chaque période a ses hommes et ses femmes, ses valeurs et ses symboles. L'engagement est une acception qui se trouve au cœur de ce débat. Que signifie l'engagement politique, de nos jours ? Certainement ce terme ne renvoie plus aux endurances de groupes isolés ou de personnes stressées qui croient porter le monde entier sur leur dos. Depuis l'ouverture de l'Etat sur la société civile, les donnes ont changé au Maroc, conformément à ce qui se passe dans le monde démocratique. L'engagement n'est plus synonyme de traquenard et de chasse aux sorcières. Il ne renvoie plus aux prisons, connues ou inconnues, à l'exil, aux licenciements arbitraires et abusifs de travail, ni au harcèlement des militants qui luttent avec le verbe et l'esprit. Aussi, l'engagement n'est plus l'apanage de groupes sectaires qui parlent au nom du peuple et combattent « jusqu'à la victoire ou la mort ». Les militants modernes veulent vivre, jouir de la vie et accroître leurs espérances de vie. Certes, aujourd'hui encore, le monde brille de mille feux. Le sectarisme n'est pas totalement éradiqué et le combat frontalier et violent se privatise, s'individualise, se marginalise de proche en proche et ne quitte plus les canaux obscurs de l'underground des sociétés ; car plus l'espace politique grandit et s'élargit plus la marge de la violence se rétrécit. Mais, toujours est-il que la violence est plus féroce, spectaculaire et meurtrière que pas par le passé. Dans le même ordre, l'ambiance de l'engagement n'est plus tributaire de cet excès de sérieux artificiel et nuisible qui colle au dos des militants. Ces gens qui voient tout en noir, fondamentalement arrogants, qui dissimulent leurs faiblesses derrière des discours rêveurs et pompeux et se cachent derrière une fausse modestie et un exhibitionnisme populiste. L'engagement, aujourd'hui, se fait dans la douceur, le calme et la joie. Les prisons d'antan sont fermées, aux sens propre et figuré. Aucun individu, aucun parti, aucun groupe, syndicat ou association, ne saurait résoudre à lui seul l'ensemble des problèmes du pays. Un premier constat qui incite donc à la modestie. La volonté affichée par bon nombre de jeunes cadres (hommes et femmes) à participer à la gestion de la chose publique s'explique en partie par la levée des barrières qui se dressaient devant leurs prédécesseurs et par une nouvelle mentalité qui légitime l'ambition personnelle et ne craint guère le champ politique.A nous de donner à l'engagement le contenu et la forme qu'il mérite, à commencer par la défense des idéaux et principes de liberté , de justice, de progrès et de modernité.