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Pour réussir un Festival
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 13 - 09 - 2002

Chérif Khaznadar est directeur de la Maison des Cultures du Monde à Paris. Il collabore, depuis des années au succès du Forum d'Assilah. Entretien.
Aujourd'hui le Maroc : Les gens entendent souvent votre nom, mais peu vous connaissent. Qui
êtes-vous ?
Chérif Khaznadar : Je suis directeur de la Maison des Cultures du Monde à Paris que j'ai créée, il y a maintenant 20 ans. C'est une institution qui a pour mission de faire connaître au public français, et par extension au public européen, les formes d'expressions culturelles des autres peuples. Nous avons voulu faire en sorte que la France qui était un pays qui exportait beaucoup sa culture en importe autant. Pour parler en termes d'économie, il fallait rétablir la balance des échanges culturels. On s'est rendu compte, à l'époque, que l'on ne connaissait pas les autres cultures en France. La mission assignée à la Maison consiste à faire connaître tout ce que le génie de l'homme a pu créer à travers le monde.
Compte tenu de votre expérience, quelles sont les clefs de la réussite d'un festival ?
Ce qui fait pour moi la réussite d'un festival, c'est l'adhésion du public. Un festival n'est pas simplement organisé pour faire plaisir à quelques initiés, mais pour toucher un très large public. Si la manifestation intéresse le public, c'est qu'elle répond à une attente. Cela signifie aussi qu'il y a une écoute de ce public. Cette écoute ne veut pas dire livrer au public ce qu'il attend, mais l'amener à adhérer à des formes intéressantes. Il faut trouver une alchimie entre l'intérêt du plus grand nombre et des formes d'art de qualité, parfois difficile à appréhender, et qui requièrent une initiation.
Le festival doit attirer du public, mais tout en gardant une empreinte qui le distingue des autres. Qu'en pensez-vous ?
Absolument ! Pour moi, c'est évident ! Un festival ne peut pas être un fourre-tout. Un festival doit avoir une vie, une politique de programmation. Savoir ce qu'il veut. Pourquoi il le fait ? À quel public il se destine. Comment il va évaluer ? Et comment dans sa programmation doit forcément s'opérer une évolution pour ne pas lasser son public ?
Et cette réflexion est du ressort de qui ?
Elle relève du patron du festival qui peut être un président, un directeur ou un directeur artistique. Ça dépend de celui qui est à la conception de la manifestation. Je crois qu'il est très important pour la personnalité d'un festival qu'il y ait une personne qui le suit de très près. Il ne peut pas être délégué un an à l'un, un an à l'autre. Sinon, c'est la confusion. Je dis ça, parce que c'est un peu maintenant une mode dans certains pays arabes qui font des festivals à direction tournante. La manifestation en perd son identité.
Il y a des festivals qui naissent et d'autres qui disparaissent. C'est dû à quoi ?
Oui, la mort d'un festival est imprévisible. Il y a beaucoup de facteurs dans la durée et la permanence d'un festival. Il y a l'adhésion du public. Il y a les moyens financiers qui peuvent disparaître. Et puis, il y a aussi l'usure. Un festival ressemble à un être humain. Il a une vie. La première et la deuxième année, il commence à prendre. Il éclate et arrive à sa maturité au bout de la troisième, quatrième et cinquième année. Et puis, s'il n'y a pas un souffle nouveau qui revient, il va aller en déclinant vers la sixième ou septième année. On voit beaucoup de festivals qui disparaissent au bout de 7 ou 8 ans. À travers ma connaissance des festivals dans le monde, je constate que soit ils disparaissent tout de suite à la manière de feux de Bengale. Ou alors, si ça marche bien au départ, ils faussent de trajectoire. En revanche, ceux qui peuvent durer comme Avignon, Assilah, Baalbec au Liban, ce sont des festivals qui ont trouvé leurs racines et qui ne cèdent pas aux phénomènes de mode. Une politique pédagogique est requise pour ce type de manifestations. Derrière le moment de bonheur qu'ils dispensent au public, il y a aussi la volonté de former des gens. Ces festivals se construisent et durent dans le temps. Mais c'est des exemples très rares. C'est très rare de trouver des festivals qui ont plus de 10 ou 12 ans. Ils se comptent sur les doigts des deux mains.
Le propre d'un festival serait-il de disparaître ?
Oui, parce que beaucoup ne savent pas se renouveler, se régénérer. Ils s'engraissent. Des fois, le succès pousse à en faire trop, on en rajoute. Et puis tout cela devient moins fort, ça se dilue et ça disparaît. Je crois qu'il faut toujours chercher à surprendre, à étonner et à apporter du neuf, tout en gardant à l'esprit la conception de base. C'est ce qui constitue le nerf vivant d'un festival. D'ailleurs, il n'y a pas de recettes. C'est ce qui rend notre métier passionnant. L'instant où le spectacle commence, on ne peut pas dire si ça va être un succès ou un échec. Ça peut être l'un ou l'autre – avec les mêmes données. On ne peut pas du tout prévoir ! Il peut y avoir une défaillance du chanteur. Il peut y avoir une défaillance de l'acteur. Tout peut arriver. Un festival est passionnant, parce qu'il vivant. J'ai connu toutes les crises : la télévision va tuer le spectacle vivant, le cinéma va tuer le spectacle vivant… Non ! Le spectacle vivant ne disparaîtra pas, parce qu'il y a cet élément qui est profondément humain: l'inconnu. C'est l'essence même de la tragédie. L'homme affronte des puissances dont il n'a pas la maîtrise.
Concernant le dialogue entre les cultures, vous pensez vraiment qu'il peut s'établir et que des formes artistiques peuvent contribuer à une meilleure compréhension entre les peuples ?
Je ne crois pas au dialogue entre les cultures. C'est une expression toute récente créée par Denis de Rougemont (penseur, écrivain et philosophe suisse 1906-1985 ) en 1961. Elle n'a jamais eu de réalité. Il n'y a jamais eu de dialogue entre les cultures. Toutes les cultures dans le monde ont cherché à s'imposer, parce que chacune d'elles pense qu'elle possède la vérité, qu'elle constitue le seul modèle valable. Dans la réalité, il n'y a pas de dialogue. En revanche, ce qui peut se passer, c'est qu'en apprenant à connaître l'autre, on le comprend, on respecte sa différence. A ce moment-là, on peut penser à un plus grand respect pour les autres cultures, et partant, une appréhension sans préjugés des autres arts.


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