Une ville entière prise en otage par une politique locale faite de plusieurs décennies de prébendes, de privilèges et de mauvaise gestion. Mohammedia pleure sur sa gloire d'antan. Elle renvoie aujourd'hui l'image d'une cité minée par l'insouciance de ses dirigeants. Les élections du 27 septembre sont-elles susceptibles de lui rendre le sourire ? Mohammedia aspire au changement, à sortir de la torpeur dans laquelle elle fut maintenue des années durant. Ville d'environ 200.000 habitants, à quelque 30 kilomètres de Casablanca, Mohammedia offre un visage endolori. Écartelée entre une dérive communale flagrante et une préfecture en retrait. Absente. Résultat : une ville laissée à l'abandon dont les habitants sont livrés à eux-mêmes. Spectateurs impuissants de la machine à détruire cette jolie cité qui aurait pu être mieux que ce qu'elle est aujourd'hui. Un havre touristique, un coin de verdure. Qui suinte la joie de vivre et respire la tranquillité. Comme par le passé. Mohammedia est tout sauf cela. Un décor de désolation extrême après avoir été un haut lieu de repos. Pointé à l'index, Larbi Zerouali est le député-maire de Mohammedia. L'état de cette dernière est accablant pour le bilan de cet élu local de 70 ans : invasion des ordures et développement des bidonvilles. Denrée rare, la propreté est l'apanage des quartiers huppés de l'agglomération, qui a pourtant vocation d'être un modèle en la matière. C'est le propre d'une ville prise en otage par le chasse-croisé des intérêts personnels d'un clan repu qui, pour arriver à ses fins sans limites, massacre les aspirations de la collectivité. Plus étonnant encore, le silence de la société civile locale et des personnalités de la ville. Tout se passe comme si le destin de Mohammedia ne les intéressait guère. C'est autour de ce vide propice qu'à prospéré Larbi Zerouali et ses courtisans. À la faveur des législatives du 27 septembre, les marchandes des illusions et des promesses mielleuses pointent du nez. Mohammedia connaît la chanson. L'offre d'espoir est à la mesure des profils des têtes de liste : maigre pour ne pas dire plus. Jetons un coup d'œil à la carte politique locale et à ses représentants dans les élections : À tout seigneur tout honneur, Larbi Zerouali sera encore dans la course sous la bannière de l'Istiqlal. Transfuge de ce parti, Abdallah Kebboud, député sortant mais toujours absent, a rejoint le PSD comme tête de liste. Un autre transfuge de l'Istiqlal, Wahid Jamaï, devenu ADL. AbderrahmaneTarfaoui a quitté lui aussi l'Istiqlal pour le RNI. Ex-président du conseil municipal et ancien membre de la CDT, Abderrahmane Azzouzi bat campagne sous les couleurs de l'USFP. Driss Skalli, ancien militant de l'USFP, est désigné, lui, tête de liste par le parti de Noubir Amaoui. Le PND d'Abdallah Kadiri a adoubé l'artiste-peintre Abdellatif Zyne, qui habite la ville. Cette galerie de noms montre la domination de l'Istiqlal sur Mohammedia. L'USFP souhaite récupérer son bastion de naguère, d'où il fut chassé par le parti de Abbas El Fassi. La lutte électorale se limitera en grande partie à ces deux formations. Les prétendants de celles-ci se batteront-ils à la loyale, à coups d'arguments sérieux et percutants ? Les citoyens-électeurs, dégoûtés, en doutent fort, ils aspirent à autre chose qu'à du trafic d'influence et à des luttes pour le pouvoir. Ils aspirent à un véritable sursaut avec à la clé des initiatives pour la renaissance de leur espace urbain et à l'épanouissement de leurs enfants. Est-ce trop demander ? La réponse se trouve peut-être chez le baron Larbi Zerouali.