Les marines débarquent au Koweït, alors que les consultations diplomatiques s'intensifient. Les alliés de Washington s'en tiennent à une solution dans le cadre de l'ONU. Baghdad promet une bataille qui «irritera» des ennemis. Il semblerait que le président George W. Bush soit résolu à procéder à de larges consultations sur l'Irak, y compris à l'ONU dont le feu vert est de plus en plus exigé de par le monde pour une éventuelle action militaire contre ce pays. En attendant, les préparatifs militaires vont bon train. Des responsables américains ont ainsi annoncé l'envoi au Koweït d'équipements militaires, dont 67 chars «Abrams M-1» et des véhicules de combat du type «Bradley». Ces équipements, qui représentent le plus important chargement d'armement américain envoyé ces dernières semaines au Moyen-Orient, sont destinés à des manœuvres impliquant quelque 2.000 soldats américains, a indiqué un porte-parole militaire. M. Bush, qui a entamé des consultations tous azimuts, a annoncé qu'il rencontrerait ce samedi le premier ministre britannique Tony Blair à Camp David et demandera le feu vert du congrès américain. Il a aussi confirmé qu'il exposera sa position sur l'Irak lors d'une intervention devant l'assemblée générale des Nations unies le12 septembre à New York. Le secrétaire d'Etat, Colin Powell, a réaffirmé que le moment était venu pour Washington de convaincre le monde de la réalité de la menace irakienne. «Ce que nous essayons de faire, c'est faire comprendre cette menace au monde aussi clairement que nous le comprenons nous-mêmes, parce qu'elle est réelle». Powell, qui avait semblé ces derniers jours faire d'un retour des inspecteurs de l'ONU, partis d'Irak en 1998, un test de bonne volonté de la part de Bagdad, a indiqué clairement que cette option n'était pas suffisante : « la question, c'est le désarmement de l'Irak, pas les inspecteurs. Les inspecteurs peuvent peut-être jouer un rôle ,un certain rôle pour y parvenir, mais cela reste à voir »,a-t-il dit. Le sénateur démocrate Bob Graham, président de la commission du renseignement du Sénat, a dit s'attendre à ce que le président révèle des détails sur l'Irak. « Il est approprié que Bush annonce un certain nombre de détails sur lesquels il fonde sa requête en faveur d'une intervention militaire. Selon le chef de la majorité démocrate au Sénat, Tom Daschle, le Congrès pourrait voter une résolution sur une intervention en Irak dans le mois qui vient. « Nous aurons traité cette question avant de nous séparer à la fin de la session parlementaire en cours. C'est une possibilité », a déclaré M. Daschle. Le Congrès doit achever sa session le 5 octobre. En attendant, des voix discordantes continuent de s'élever pour appeler à la prudence. C'est ainsi que le premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen, dont le pays préside l'Union européenne, a souligné qu'il est d' «importance vitale» que la crise irakienne soit étudiée et réglée dans le cadre de l'ONU. Cette exigence, réclamée avec insistance même par les alliés les plus proches des Etats-Unis, semble faire du chemin. Le principal concerné, l'Irak, a mis en garde Bush contre les conséquences désastreuses pour la région et les Etats-Unis d'une éventuelle attaque militaire: «Bush et certains responsables de son administration, guidés par une profonde haine pour l'Irak, l'Arabité et l'Islam, conduisent la région vers un avenir incertain, aux conséquences désastreuses, dont les Etats-Unis paieront le prix, beaucoup plus que les autres ». Le chef de la diplomatie irakienne, Naji Sabri, affirme que le président Saddam Hussein souhaitait éviter toute confrontation avec Washington, mais «si une guerre leur est imposée, les Irakiens vont combattre d'une manière qui réjouira leurs amis et irritera leurs ennemis», a-t-il averti.