Le Parlement israélien a entériné, le mardi 26 octobre, le plan de retrait de la bande de Gaza présenté par le Premier ministre, Ariel Sharon. Un plan qui prévoit de mettre fin à 37 ans d'occupation de ce territoire et qui constitue une première depuis la guerre de 1967. Le Parlement israélien s'est prononcé, mardi, pour un retrait d'une partie des territoires palestiniens occupés et l'évacuation de plusieurs milliers de colons. Considéré comme « le champion incontesté de la colonisation », c'est pourtant le Premier ministre Ariel Sharon qui l'a fait adopter par 67 voix contre 45 et sept abstentions. Une prouesse que même l'ancien Premier ministre travailliste, Yitzhak Rabin, le père du processus de paix lancé en 1993, n'avait pas osé violer. Ni Rabin ni Shimon Peres, qui lui avait succédé après son assassinat en 1995. Toujours est-il que le vote a été acquis surtout grâce à l'appui de l'opposition travailliste de Shimon Peres. Ce soutien a permis de compenser la défection d'une importante fraction du Likoud, le parti du Premier ministre. Les formations religieuses ultra-orthodoxes et d'extrême droite ont voté contre, alors que des milliers de colons manifestaient contre le projet de Sharon à l'extérieur de la Knesset. Le plan de sharon prévoit un retrait des forces israéliennes de la bande de Gaza et l'évacuation des quelque 8.000 colons juifs habitant ce territoire, ainsi que de quatre autres implantations isolées du nord de la Cisjordanie. Cette opération devrait s'achever à la fin de 2005. S'il a emporté une victoire, Sharon est toutefois loin d'être au bout de ses peines. Il ne dispose plus d'une majorité stable au Parlement, notamment pour le vote de la semaine prochaine sur la loi d'indemnisation des colons évacués ainsi que sur la loi de finances 2005. De plus, le ministre des Finances, Benjamin Netanyahu, qui ambitionne de succéder à M. Sharon, ainsi que trois autres ministres représentant l'aile dure du Likoud ont menacé de démissionner d'ici "deux semaines" si Sharon continuait à refuser d'organiser un référendum sur le retrait, exigé aussi par les colons et l'extrême-droite. A l'étranger, le département d'Etat américain s'est empressé de se féliciter du vote de la Knesset. "Nous avons depuis longtemps exprimé notre soutien au plan de désengagement de Gaza du Premier ministre Ariel Sharon et nous saluons les pas qui permettent de faire des progrès en vue de cet objectif", a déclaré un porte-parole américain. Côté palestinien, le quotidien «Al-Hayat Al-Jadida» de l'Autorité palestinienne a minimisé le vote de la Knesset et a soutenu que le plan Sharon "vise à abroger la Feuille de route", qui prévoit la création d'un Etat palestinien indépendant en Cisjordanie et dans le bande de Gaza avant la fin de 2005. Dans la foulée du vote, le ministre palestinien chargé des Négociations, Saëb Eriqat, a appelé Israël à entamer des discussions avec l'Autorité palestinienne sur le retrait de Gaza. "Si le gouvernement israélien est sérieux à propos du processus de paix, il devrait revenir à la table des négociations avec l'Autorité palestinienne, afin d'appliquer la «Feuille de route» et de discuter de l'idée d'un retrait de la bande de Gaza dans le cadre de cette Feuille de route", a affirmé M. Eriqat. La bande de Gaza est un territoire palestinien tronçonné par des colonies juives, et qui, avec quelque 1,3 million d'habitants, connaît une des plus fortes densités de population au monde. Quelque 900 000 des habitants de la bande de Gaza sont des réfugiés ou des descendants de réfugiés qui se sont installés dans ce territoire après avoir été expulsés de chez eux au lendemain de la création d'Israël en 1948. Les bouclages répétés imposés par l'armée israélienne depuis le début de l'Intifada en septembre 2000 et les restrictions aux déplacements à l'intérieur de la bande de Gaza ont considérablement contribué à la hausse du chômage et la détérioration de la situation économique.