Les bastions du fanatisme sont systématiquement démantelés. Leurs fonds de commerce cassés. Leurs circuits de financement déconstruits. Les pouvoirs publics sont déterminés à imposer la primauté de la loi et à défendre la sécurité des biens et des personnes sur l'ensemble du territoire national. La nébuleuse extrémiste est déstabilisée. Mais c'est un combat de longue haleine qui concerne tous les démocrates. Tout a commencé à changer, ce fameux jour du 15 juillet. Quand le pays s'est réveillé sur un fait d'annonce du démantèlement du plus dangereux des groupes intégristes. La rumeur en parlait avant, sans être réellement prise au sérieux. Il a fallu des faits. Des morts innocents. Les pouvoirs publics vont faire preuve de transparence et de sens de la communication. Le ministre de l'Intérieur monte au créneau et fournit les détails des forfaits commis. Sans dramatisation ni sous-estimation. Heureusement, on ne s'arrêtera pas là. La conscience du danger imposait une action énergique, radicale. L'organisation de la riposte ne tarde pas. Hiérarchisée et structurée, elle a pour objectif de mettre les activistes et adeptes de la Salafia Jihadia, estimé officiellement à quelque 400 individus à travers le pays, hors d'état de nuire. Dans des délais record fixés. L'ère géographique où ils se déploient est connue. Quatre villes sont ciblées. Tétouan, Rabat-Salé, Fès et Tanger. A côté de quelques petits foyers, par-ci et par-là, la mouvance étant caractérisée par la mobilité inter villes, justifiée par un métier qui se prête à la propagande et au contact : la vente ambulante. Notamment des cassettes religieuses et de livres obscurantistes. Pour la bonne cause, un arsenal de répression est mis en branle. Les listes des suspects, qui existaient depuis belle lurette, sont envoyées à tous les services nationaux de la sécurité, tous mobilisés à l'occasion. Les lieux et aires de déploiement aussi. Les gouverneurs n'étaient pas directement concernés par la lutte contre l'intégrisme. Ils ignoraient presque tout de l'état d'avancement de la prévention et de la gestion du phénomène. Les erreurs du passé, qui se concentraient sur le mouvement de Abdallah Yacine et autres expressions politiques de la mouvance islamiste, ont permis aux radicaux de prospérer, dès la guerre du Golfe. Lors de la fameuse marche de Rabat, les tueurs potentiels ont défilé sous les bannières d'Al Adl wa Al Ihsanne. La sûreté nationale s'était penchée sur le côté quantitatif et le comptage des vagues et rangs. Le danger à venir était pourtant ailleurs. Dans le qualitatif. Le port de la barbe était un indicateur pour taxer et mettre dans le même panier. Les brigands et voleurs de grands chemins, qui ramassaient des "butins” d'une guerre germant dans leurs esprits, étaient laissés de côté. Inconsciemment. Les conclusions ont donc été tirées, après le passage à l'acte meurtrier. Ce dernier aura le mérite d'avoir éveillé la conscience et de déclencher le sursaut salvateur. Une opération musclée est décidée. Il faut éradiquer le mal à ses racines. Là où il se nourrit et peut fleurir. Les services qui avaient l'exclusivité de ce dossier chaud ont été amenées à se rendre à l'évidence du partage des responsabilités, de l'intervention et de l'action. Les wilayas et provinces s'impliquent aussi. La coopération de tous, inexistante auparavant, est exigée et une coordination de type nouveau entre les différends services de la DGSN est instaurée, malgré quelques petites réticences normales. Car liées à la recherche de la meilleure efficacité. On passe ensuite au renforcement de l'infrastructure policière, destinée à un « corps à corps » dans les quartiers qui échappaient au contrôle de la sûreté nationale. Des postes de police de proximité sont créés dans divers arrondissements urbains. Le rural n'est pas concerné, puisque aucune présence potentielle n'est à signaler. A la mobilité des obscurantistes, le corps de la police adaptera une mobilité intelligente, liée à des décisions qui vont d'abord interdire et faire la chasse aux ambulants vendeurs de la littérature intégriste. La vigilance est de mise et le discernement entre factions de la mouvance islamiste (modérés et radicaux) est acquis. Pas question d'amalgame entre les pacifistes, d'une part, et ceux qui prônent la violence et les dangereux criminels qui, au nom de l'Islam, qu'ils n'ont jamais compris, se permettent de tuer des êtres humains. Les librairies, fixes et ambulantes, sont fortement investies. Des perquisitions sont ordonnées par le Parquet. Des descentes massives sont organisées. Des objectifs sont atteints. Des arrestations sont opérées et des signaux forts sont envoyés. L'Etat est fermement déterminé à en finir avec le terrorisme intégriste. Parallèlement, l'activité dans les mosquées est mise sous haute surveillance. Des mesures pratiques sont prises pour ne permettre que les prêcheurs légaux. Dans les lieux de culte légaux. La chasse est donnée aux mosquées improvisées, surtout dans les quartiers périphériques, qui échappent au contrôle du Ministère des Affaires islamiques. Son locataire sera, d'ailleurs, secoué, notamment lors d'un récent Conseil de gouvernement, de sa léthargie et de son laxisme. Il devra se mobiliser et rompre avec l'ambiguïté dont il a longtemps fait preuve. Plus question de tolérer l'intolérable. Tous les ingrédients semblent réunis pour mettre fin à l'agitation malveillante qui, sous couvert de la religion, nourrissait le rêve de mettre le pays à feu et à sang. Le pays doit se féliciter de cette vive réaction, qui traduit la volonté unanime des Marocains à vivre dans la quiétude et la cohabitation de tous les modes de la pensée pacifique. À la société, dans ses diverses composantes, d'apporter tout le soutien requis à cette bonne cause, qui doit continuer à prévaloir. Sans aucun relâchement.