Souk Sbata, à Casablanca, pour les voitures d'occasion. Un espace où les prix dépendent des manœuvres des intermédiaires ayant main basse sur le marché. Reportage. Pendant cette période des vacances, à l'instar des autres secteurs, le marché des voitures de seconde main connaît une forte affluence. Dans toutes les villes du royaume, on trouve un espace réservé, par habitude, à ce genre de transactions. Les voitures changent de propriétaires, disent les intermédiaires dans ce domaine. A Casablanca, souk Sbata est un repère, au sens large du terme. Plus connu que certains organismes de la capitale économique. Les conducteurs des petits taxis ne demandent pas d'autres précisions, boulevard, rue, etc, quand il s'agit de cette destination. Pendant tous les jours, l'activité bat son plein et durant le week end, l'espace en question se transforme en un véritable « moussem ». Sur le boulevard Saqia El Hamra, les rues et les ruelles donnant sur lui du côté de la station d'essence, on peut trouver toutes les marques de voitures. Les cafés limitrophes constituent les lieux de rencontres entre les intermédiaires, les vendeurs et les acheteurs. Un univers où les premiers excellent le discours. Selon qu'ils s'adressent à l'acheteur ou au vendeur, ils parviennent toujours à s'en sortir. En les écoutant discourir sur le véhicule, on dirait qu'ils sont des ingénieurs en mécanique. Dès que la voiture arrive entre leurs mains, son prix de vente dépend d'eux. Pour empêcher le propriétaire de vendre sa voiture, ils lui proposent un prix très élevé au départ. Et le pauvre reste pendant toute la journée demandant le prix proposé. Entre temps, ils font circuler des informations comme quoi la voiture en question présente plusieurs défauts. Papiers non réglementaires, moteur usé, etc. Résultat. Le propriétaire n'arrive pas à vendre son véhicule. Et puisqu'il ne peut pas retourner chaque jour au souk, il sera obligé de charger un intermédiaire pour s'occuper de l'engin. Et là, l'intermédiaire procède comme bon lui semble en complicité, bien entendu, avec les autres. En ce moment, une autre explication sera donnée. «Tu sais, ta voiture ne vaut que tel somme. Il ne faut pas écouter les « samsara ». Je les connais très bien. Maintenant, dès qu'un ami, qui m'a chargé de lui trouver une voiture modeste, et en bon état, arrive, je vais t'appeler», avance l'intermédiaire pour convaincre le vendeur qui ne savait plus marchander sa voiture. Une scie à double tranchant. Les intermédiaires cherchent à obtenir une commission avec l'acheteur et une autre plus large avec le vendeur. Et dans les deux cas, ayant main basse sur le souk, ils ne manœuvrent que dans ce sens. «Il vaut mieux être accompagner d'un technicien en la matière. Les intermédiaires sont dangereux. Leur métier est de manœuvrer entre les deux parties, en vue d'obtenir des commissions. Ce sont de véritables arnaqueurs. Il faut les éviter », souligne un client rencontré sur place. Il est à souligner que cette affluence que connaît cet espace provoque un grand dérangement pour les habitants du quartier Jamila 5. Ces habitants, qui qualifient se souk de «marché sauvage», ont entrepris des démarches auprès du tribunal de première instance de Ben Msik, de la préfecture, de la municipalité et de la sûreté provincial pour délocaliser ce marché. En attendant, les voitures continuent à changer de propriétaire dans ces rues.