Avant son éjection, mardi dernier, de la présidence de l'association «Perle noire», dont il est le fondateur, Mustapha Bahij avait déclaré que le président de l'USM, Abdellatif Benmama, voulait faire une OPA sur son nouveau-né. C'est l'histoire de deux clichés du monde du sport au parcours totalement différent. L'un, Mustapha Bahij, vendeur ambulant de sandwichs, imam dans une mosquée de Casablanca et président de l'Association «Perle noire», en hommage à la gloire du football national feu Larbi Ben Barek, et l'autre président du club de l'USM, Abdellatif Benmama. Deux profils diamétralement opposés. Que pourrait, donc, avoir de si commun, les deux hommes ? La question mérite d'être posée, d'autant plus qu'ils ne se connaissaient pas avant. En 1996, Bahij avait créé l'Amicale Zerktouni des sports, arts, éducation, colonies de vacances et intégration des personnes handicapées. Amicale qui, par la suite, allait devenir l'Association «Perle noire». C'était au mois de février 2002. Pour créer cette association, Bahij a souffert le martyre. Après avoir monté son projet, véritable parcours de combattant, il avait un délai de neuf jours pour trouver un local sinon son dossier ne sera pas accepté par la Ligue du Grand Casablanca. «Le secrétaire général de l'association m'avait proposé de voir avec le président de l'USM. Je n'avais pas le choix. C'est ainsi qu'on s'est mis d'accord pour faire de l'USM le local de l'association. En plus, le président, à qui l'on a attribué le poste de président d'honneur, s'est porté sponsor de l'équipe. C'était lors de la saison 2002-2003. Tout se déroulait comme il fallait. L'équipe de football évoluait alors en quatrième division et nous avons terminé le championnat en troisième position. Nous avons raté de peu la montée en deuxième division», se rappelle Bahij. Selon les dires de ce dernier, une fois la saison terminée, le président de l'USM, Benmama, lui aurait proposé de lui céder l'association pour en faire une section de football de l'USM. Proposition rejetée par le président de l'association. «Il voulait s'accaparer l'association, alors que c'est moi qui l'avais créée. Devant mon refus, il m'a insulté et m'a dit qu'il allait tenir une assemblée générale extraordinaire à l'USM le 18 septembre », a tenu à souligner Bahij, qui se dit avoir été ami de Ben Barek, duquel il garde encore une photo dédiée en son nom. Mariée à une femme handicapée, avec laquelle il n'a pas eu d'enfants, jusqu'à maintenant, Bahij se retrouve dans le sport et les actions de bienfaisance envers les jeunes. Sa passion pour le football n'a pas de limites. Les années qu'il a passées avec Ben Barek les ont marqués à jamais, à tel point qu'il a décidé de transmettre l'histoire de ce monument du football aux futures générations. «Je veux que son nom reste graver dans la mémoire de tous les Marocains», a fait remarquer ce dernier. En créant cette association, Bahij rêvait de faire tout cela. «J'ai sacrifié ma vie, mon temps, mon argent, ma santé et, aujourd'hui, tout ce que j'ai construit risque de partir en fumée», a confié ce dernier, très ému. Mais son rêve s'est vite transformé en cauchemar, le 28 septembre dernier, quand l'Association «Perle noire» a tenu son assemblée générale extraordinaire. «Je n'ai rien décidé. C'était sur demande de la majorité des membres du comité. Je suis intervenu pour le bien-être de l'équipe. C'est tout. En plus, Bahij n'a rien à apporter au club», a tenu à expliquer Benmama, qui se dit disposé de tous les documents qui attestent du bon déroulement de l'assemblée. Assemblée, qui allait être fatale pour Bahij, puisque, finalement, il a été évincé de son poste par les deux tiers du comité. «Nous lui avons proposé le poste de président d'honneur. Au jour d'aujourd'hui, nous n'avons pas encore eu de réponse de lui», a déclaré Benmama. Faute de successeur, le président de l'USM a proposé Jamal Eddine Ouedghiri, un inconnu de la scène sportive, mais grand ami de Benmama. «Le comité m'a confié la tâche de désigner un nouveau président et je leur ai proposé le docteur Ouedghri, un homme intègre et qui va apporter beaucoup de choses à l'association», a glissé Benmama. En un peu de temps, Mustapha Bahij a tout perdu. Tout ce qu'il a construit s'est effondré comme un château de cartes. Mais il aura quelque chose à se mettre sous la dent, son nouveau poste de président d'honneur….comme Benmama.