Parce qu'ils ont violé collectivement leur voisin, quatre jeunes voyous d'un même quartier de l'ancienne médina attendent leur jugement par la chambre criminelle près la cour d'appel de Casablanca Abderrahim, Mouhcine, Mourad et Kamal sont dans une cellule du pénitencier Oukacha. Ils regrettent l'acte odieux qu'ils ont perpétré fin janvier 2002. Ils attendent actuellement leur jugement avec une grande amertume. Chacun d'eux espère que la sentence sera clémente et chacun d'eux fait des reproches à l'autre. «Aucun d'entre nous n'était assez conscient ce jour là pour empêcher les autres de commettre une bêtise comme celle qu'on a commise…», dit l'un d'eux aux autres, comme s'il voulait alléger le poids des remords. Alors que chacun a participé à cet acte ignominieux. Leur âge ne dépasse pas les vingt-trois ans. Et pourtant, deux d'entre eux ont des antécédents judiciaires. Mourad, par exemple, a déjà purgé une peine d'emprisonnement de huit mois ferme pour trafic de drogue. Kamal a également passé un an de prison ferme pour trafic de drogue et coups et blessures. Mais la prison n'a rien arrangé. Leur incarcération est devenue comme un titre de gloire justifiant leur méchanceté. Tout le monde les évite depuis qu'ils ont été relâchés. Et ils ont repris le chemin de la petite criminalité. Abderrahim et Mouhcine n'avaient pas d'antécédents judiciaires, mais l'influence de leurs amis, Kamal et Mourad, étaient importante au point qu'ils ne réagissent que sous leur ordre. Une fois qu'ils se soûlent ou qu'ils se droguent, ils ne pensent qu'à agresser les passants. Ils ne respectent même pas leurs voisins de quartier ; ils ont agressé, fin de janvier 2002, leur voisin Hicham. Il a hésité au départ à porter plainte contre eux. Seulement, lorsqu'il a appris qu'ils ont été arrêtés, il a osé le faire. Ils ont été arrêté pour une affaire de viol collectif sur un jeune de leur quartier. Personne n'aurait pu imaginer qu'ils en arriveraient là. Les habitants du quartier sont restés bouche-bée quand ils ont appris la nouvelle. Personne n'y a cru dans un premier temps. Mais Youssef n'a aucun intérêt à mentir. Il voulait au départ camoufler l'affaire. Et sa mère a refusé. Elle n'a pas pu supporter de voir son fils dans un état aussi lamentable. «Comment peux-tu supporter qu'ils te violent alors qu'eux, ils restent libres?», lui dit sa mère, qui a décidé de l'accompagner chez la police pour porter plainte. «Si l'affaire est divulguée, je ne pourrais plus regarder personne en face dans le quartier», dit-il à sa mère sans pouvoir retenir ses larmes. Il l'a accompagnée le lendemain chez la police judiciaire. Le chef de la brigade n'en a pas cru ses oreilles quand il appris que ce garçon de seize ans a été détourné par ses voisins du quartier qui l'ont violé à tour de rôle. «C'est la réalité, moi aussi je n'aurais jamais pu imaginer cela», affirme Youssef …C'est Mourad qui m'a rencontré le premier et m'a demandé de l'accompagner dans un jardin situé près d'une école privée…Il était un peu ivre… je l'ai accompagné pour disenter ensemble…Je n'avais rien à faire…Il était vingt heures passées…Mais là, j'ai été surpris par l'existence de Kamal, Mouhcine et Abderrahim…Ils m'ont attaqué…Mouhcine m'a menacé avec un couteau et m'a demandé d'enlever mon pantalon…J'ai refusé et je l'ai supplié de ne rien me faire parce que je suis leur voisin…mais Mourad ne pensait qu'à son désir, il m'a frappé…Les trois autres aussi m'ont asséné des coups de poings et de pieds…Ils m'ont ôté le pantalon et Mourad a passé le premier à l'action puis Kamal…puis j'ai perdu connaissance…». Est-ce qu'ils ont continué à le violer par la suite ? Mourad affirme que non. «Quand il a perdu conscience ni Abderrahim ni Mouhcine n'ont voulu le violer…On l'a abandonné et nous sommes retournés dans notre quartier…» Chacun du quatuor a achevé ses déclarations par la même expression du remords: «Je regrette d'avoir violé mon voisin…je le regrette…»