En s'alignant sur les positions iniques du gouvernement de Madrid qui renie au Maroc sa souveraineté sur l'îlot Leïla, l'Algérie se met en retrait par rapport à la solidarité du monde arabe et islamique avec le Maroc. Un signe de désarroi qui revient chaque fois que les thèses d'Alger envers l'intégrité territoriale du Maroc sont mises à mal par la légalité internationale. Les Algériens se sont réjouis à travers leur presse du conflit maroco-espagnol autour de l'îlot de Leïla, s'empressant de se ranger du côté de l'Espagne, allant jusqu'à affirmer que ce rocher est sous souveraineté espagnole. Cette position pour le moins ridicule fait de l'Algérie le seul pays arabe qui s'est désolidarisé avec le Maroc dans un dossier où il est dans son plein droit. Pis, les journaux algériens ont même écrit ce que ni l'Espagne ni sa presse n'ont jamais affirmé : que l'îlot en question fait partie des territoires espagnols. Ignorance des réalités ou excès de zèle ? Une chose est sûre : l'attitude du voisin de l'est, qui ne trompe personne, s'inspire de cette arrière-pensée systématique : tout ce qui peut nuire au Maroc est bon pour l'Algérie. Chassez le naturel… En agissant ainsi, de manière aussi grotesque, ce pays a raté une occasion de se montrer politiquement crédible. En prenant fait et cause pour Madrid dans l'affaire de l'îlot, Alger croyait ainsi se rapprocher plus de l'Espagne en renforçant davantage l'axe Alger-Madrid au détriment des intérêts de Rabat. L'Algérie pense de la sorte faire plaisir à José Maria Aznar. Si cela se trouve, l'Algérie de Bouteflika n'aurait certainement pas mégoté son soutien aveugle pour faire perdurer la crise. Tant qu'à s'allier contre son voisin, autant le faire par des actes. Créer de toutes pièces, comme il l'avait fait avec le Polisario au Sahara, un “mouvement de libération“ pour l'îlot inhabité du Persil au nom cette fois-ci de l'autodétermination de l'espèce caprine ibérique, privée injustement d'un bon pâturage par l'espèce caprine marocaine. Tout bêtement. Gavées de pétrole et de gaz comme le Polisario de pétrodollars et d'armes, les chèvres espagnoles, “opprimées“, seront lâchées contre les chèvres marocaines de Jbel Moussa dans un face-à-face à la fois hilarant et original pour se disputer ce rocher désertique. La communauté animale internationale sera-t-elle privée d'un spectacle aussi passionnant ? Ça ferait en tout cas une cause nouvelle pour un pays en mal de cause depuis que le Polisario est devenu encombrant. La fin du contentieux sur l'îlot ne doit certainement pas faire le bonheur des Algériens et de leurs journaux. Encore moins les perspectives de retour à la normale dans les relations entre le Maroc et l'Espagne, esquissées par la visite à Rabat de la ministre espagnole des Affaires étrangères, Ana Palacio.