Didier Vanoni -spécialiste de la sociologie urbaine- tenait une conférence-débat, vendredi, à l'Institut français de Casablanca, sur le thème «Action culturelle et développement des quartiers». Didier Vanoni -spécialiste de la sociologie urbaine- tenait une conférence-débat, vendredi, à l'Institut français de Casablanca, sur le thème «Action culturelle et développement des quartiers». Ses thèses basées sur les expériences tentées dans les quartiers dits sensibles de France et d'ailleurs montrent à quel point l'action culturelle permet aux jeunes de ces quartiers de s'impliquer et de participer. Il a mis en avant le fait que bien souvent, les associations culturelles et sociales, agissant en direction de la jeunesse, au cœur des quartiers sensibles, réussissaient là où les institutions avaient échoué. L'un des intérêts de son exposé a été de montrer que les interventions classiques avaient atteint leurs limites et qu'il était aujourd'hui nécessaire d'inventer des formules nouvelles pour toucher efficacement la population ciblée. Il a émis un véritable plaidoyer en faveur du quartier, territoire par excellence de la jeunesse et l'importance qu'il y a à l'investir d'images positives. Entendre ces propos de la bouche d'un tel spécialiste constitue un véritable encouragement et une reconnaissance à l'action menée par nos propres jeunes, ici au Maroc, depuis un peu plus d'un an, dans des lieux comme Hay Mohammadi, Sidi Bernoussi, Derb Soltane, Takadoum, Yacoub El Mansour ou encore Akreuch… Ces jeunes qui, contre vents et marées, s'évertuent à créer des associations locales, culturelles, sociales et sportives s'inscrivant parfaitement dans le cadre d'action décrit par Didier Vanoni. Lorsque celui-ci met en évidence le rôle des artistes dans ces quartiers, il renforce également notre conviction puisqu'à chaque action menée par l'une des associations du Réseau Maillage, nous avons fait appel à un (e) artiste ou un sportif pour initier, impulser ou soutenir l'activité des jeunes. C'est dire qu'ici au Maroc -de façon empirique- dans les quartiers les plus populaires, les plus défavorisés, trop souvent livrés à eux-mêmes, nos propres jeunes ont compris -sans l'aide de sociologues- qu'elle était la meilleure façon de se réapproprier leur territoire, de lui redonner du sens, de lui redonner une dignité. Ces jeunes de «Alliance Jeunesse», «L'autre côté du soleil», «Initiative urbaine», «Chabab Akreuch», «Mostaqbal»… sont ainsi en train de (ré)inventer une politique de la ville par une politique des quartiers. Sans formation, avec peu de moyens, en manquant d'expérience, ils nous donnent le meilleur exemple de l'engagement citoyen.