Aucun rapprochement ne peut être fait entre Leila et le Sahara, sauf le fait que ces deux parties sont et resteront intégrantes de l'unité territoriale du Maroc. Toute autre prise de position n'est que divagation. Au commencement, il y avait le rocher. Les facteurs de l'érosion et du climat ont effrité le rocher pour donner les étendues de sable, connues sous le nom de Sahara. Le cours de géologie est si simple que des dirigeants de tout acabit veulent faire l'expérience pour réaliser leurs rêves. Malheureusement pour eux, la géologie n'est d'aucun secours dès qu'il s'agit de géographie, ou plutôt de géopolitique. C'est ce qui est arrivé pour les dirigeants d'Alger et leurs gardes-chiourmes de Tindouf. Au détour de la crise de l'îlot Leila, les patrons de l'Algérie, les toujours puissants de la sécurité militaire, relayés par les derniers séparatistes, ont voulu réclamer un traitement équivalent. Ce qui veut dire que le Sahara soit indépendant, avec à sa tête jusqu'à la fin de la volonté des Algériens, Mohamed Abdelaziz, président de la RASD et secrétaire général du front Polisario. C'est ce même Abdelaziz El Marrakchi qui a commencé à ruer dans les brancards dès que les militaires espagnols ont envahi l'îlot. Aidé en cela par une position algérienne des plus surréalistes. En effet, les journaux aux ordres - rien d'anormal puisqu'ils ont survécu dans un même immeuble, la maison de la presse d'Alger - ont relayé de manière intempestive une position officielle algérienne qui a trop essayé de passer inaperçue. Quand les militaires d'Alger ont décidé de rompre l'unanimité arabe pro-marocaine, en déclarant que le Maroc n'avait pas à prendre une initiative contraire au droit et aux normes internationaux, la presse a donné du tonus à des positions qui n'ont ni racines, ni branches. L'éditorialiste d'Al Watan, un journal dont la raison d'être est de fustiger le Maroc et ses politiques, a sorti une de ses bourdes que seuls ceux qui n'ont aucun lien avec les valeurs du vrai FLN peuvent en commettre. M. Samil écrit dans un de ses édito qu' «à ce stade de l'évolution du différend entre les deux pays, qu'oppose un contentieux à plusieurs volets, on n'arrive pas toutefois à saisir dans tout son sens la réplique espagnole qui consiste en un ‘'refus des politiques de fait accompli''. Ce refus s'applique-t-il, par exemple, à toute la région, en particulier l'annexion militaire, par le Maroc, du Sahara Occidental, anciennement sous domination espagnole ?» Seule réponse à un délire pareil, le titre même de l'édito : gesticulation. Quant au président clef-en mains, du côté de Tindouf, il ne réclame ni plus ni moins que sa république, en sautant sur l'occasion de l'affaire Leila. Il a demandé au conseil de sécurité «de ne pas tourner le dos au peuple sahraoui en l'empêchant d'exercer son droit à l'autodétermination. Notre préférence se porte sur l'application du plan de règlement onusien qui prévoit l'organisation d'un référendum. Le front Polisario rejette d'une forme catégorique et sans appel, aujourd'hui, demain et toute l'éternité la formule appelée projet d'accord-cadre, qui n'est autre qu'une intégration programmée du Sahara occidental au Maroc», a-t-il dit. En véritable défenseur de la légalité internationale, M. Abdelaziz souligne qu'en tous les cas «si la logique de la contrainte doit conduire dans la doctrine de l'ONU, cela suppose un accord accepté par les deux parties. Le Conseil de Sécurité ne doit pas s'incliner en faveur du projet de l'accord-cadre parce que cela signifiera qu'il tourne complètement le dos à la légalité internationale»… Ces extraits illustrent le degré de désarroi dans lequel se trouve M. Abdelaziz. Un désarroi qui s'explique par ce genre de sorties hasardeuses et sans issue. Parce qu'il faut bien le souligner ; l'Algérie, toujours unique soutien de Abdelaziz ne peut rien faire du moment que l'objectif de l'opération n'est pas clair et ne fait plus l'unanimité de l'ensemble de la classe politique et des militaires algériens. L'euphorie de l'allocution scandaleuse de M. Abdelaziz à Durban devant l'Union africaine s'est vite estompée. Deux pays ont claqué la porte, la Tunisie et l'Egypte. La Mauritanie, qui est restée a expliqué son geste par le fait qu'elle ne fait pas partie de la zone Nord africaine, telle que définie par le découpage du continent… Quant à la communauté internationale, si les résidus du séparatisme comptent sur les déclarations de Mme Palacio, ministre espagnole des Affaires étrangères, ils seront vachement déçus. On compte sur quelqu'un qui connaît les dossiers. Ce n'est pas le cas de Palacio de son propre aveu… Son soutien à l'autodétermination du peuple sahraoui risque de s'effriter si elle prend convenablement connaissance de l'affaire. Espérons-le pour elle. Sachant qu'il n'est pas facile de faire oublier le ratage de Javier Solana. Des ratages en série, des manœuvres qui ne trompent plus personne. Les défections des cadres et responsables du Polisario se font de plus en plus massives. Reste le seul Abdelaziz et ses moulins à vent, en train de brasser du sable.