Le Maroc condamne l'agression espagnole, prend à témoin la communauté internationale qu'il appelle à faire pression sur l'Espagne pour exiger le retrait de ses troupes des territoires marocains. La classe politique, la société civile et les citoyens sont indignés par le coup de force de Madrid. Réunion de crise à Rabat après l'intervention des forces militaires espagnoles sur l'îlot Leïla pour déloger les gendarmes marocains qui y stationnaient depuis jeudi 11 juillet. Cette démonstration de force, qui a eu lieu très tôt dans la matinée du mercredi 17 juillet (vers 4 heures GMT), a été menée à grand fort de moyens militaires. Violant l'espace aérien marocain ainsi que ses eaux territoriales, L'Espagne a exhibé ses muscles au moment où le Maroc a montré sa disponibilité à résoudre la crise par le dialogue. Le droit de la force contre la force du droit. Que vont faire maintenant les autorités marocaines pour répondre à ce coup de force, à cette agression caractérisée ? Le Maroc exige le retrait immédiat des troupes espagnoles. Le ministère des Affaires étrangères a réagi à cette situation scandaleuse par un communiqué où le Maroc «exige le retrait immédiat et sans conditions des forces espagnoles de l'îlot Leïla». «Le Maroc a saisi immédiatement l'ONU y compris le conseil de sécurité ainsi que la ligue arabe et l'OCI et mené à titre bilatéral des contacts avec plusieurs pays frères et amis qui suivent l'évolution de la situation», conclut le communiqué. Par ailleurs, certains leaders de partis politiques marocains ont haussé le ton en appelant à «une rupture des relations diplomatiques avec l'Espagne». Le gouvernement marocain ira-t-il jusqu'à tourner le dos à son voisin du nord? Une chose est sûre : le gouvernement de José Maria Aznar a montré, encore une fois, par rapport à l'épreuve du Laïla son visage colonialiste. Ce qui a permis dans la foulée de poser de nouveau le problème des villes occupées de Sebta et Mélilia. Un différend qu'il va bien falloir régler. Certes, la gestion qui en a été faite en interne dégage des relents politiciens. Les gesticulations des autorités espagnoles à ce sujet cachent en fait des objectifs strictement espano-espagnols que les véhémentes indignations de Madrid au nom «d'un statut quo accepté par le Maroc et l'Espagne aux termes duquel ni le gouvernement espagnol, ni le gouvernement marocain n'occupera l'île». Mais justement, l'îlot n'est pas concerné par le statu quo invoqué par la partie espagnole qui s'est empressée d'endosser le costume des vierges effarouchées. En vérité, Madrid a dramatisé là où Rabat a temporisé. Madrid dénie au Maroc la marocanité de Leïla là où Rabat n'a fait qu'exercer un acte de plein souveraineté. L'intervention pour le moins brutale de l'armée espagnole dans l'îlot de la discorde marque donc une nouvelle escalade dans les relations déjà difficiles entre Rabat et Madrid. Un voisinage de plus en plus douloureux, mal vécu de part et d'autre. À moins que cette crise ne serve finalement de moteur pour des négociations politiques entre les deux pays dans une tentative de normalisation et de remise à plat de tous les différends.