Deux faits caractérisent la semaine syndicale actuelle : le procès du Syndicat de l'enseignement et la chasse aux sorcières déclarée dans le syndicat de l'agriculture. Qui aurait intérêt à massacrer la démocratie interne au sein de la CDT ? A cette question, qui se déduit à la lumière de ce qui se passe au sein de cette centrale, il n'y a vraiment pas de réponse claire. Néanmoins, il y a lieu de remarquer que jamais dans les annales de l'action syndicale au Maroc il n'y a eu autant d'abus de pouvoir et de transgressions des règles de la gestion internes. A voir ce qui se trame au sein de la CDT, l'on a l'impression que le bureau exécutif est déterminé à procéder à une véritable épuration politique et à une extermination sans précédent de ses adversaires. Ceux-là mêmes qui furent derrière la création de cette centrale. Il a fallu donc qu'un membre du Conseil national se prononce, lors de ses assises du 30 juin 2002, contre la position de la direction syndicale pour qu'il passe à la guillotine. Tel fut donc le sort politique que le Bureau exécutif a réservé au secrétaire général du Syndicat national de l'agriculture. Interrogé sur le développement de la situation au sein de son syndicat, Abdessalem Khairat, nous brosse un tableau qui accuse l'équipe de Mohamed Noubir Amaoui. «Depuis que j'ai soutenu Abderrahman Chennaf, je me suis retrouvé» dans le collimateur des fossoyeurs de la démocratie au sein de la CDT», dit-il, avant de préciser que suite à l'appel de trois membres du Bureau exécutif de la centrale, sept membres du Bureau national du syndicat de l'agriculture se sont réunis et ont décidé, sous la pression, mon expulsion». «Une décision illégale, précise-t-il, puisque seul le Conseil national est habilité à la prendre, suite à une demande de la Commission administrative». Et de reprendre qu'en dépit du règlement interne du SNA (Syndicat national de l'Agriculture), et son autonomie par rapport à la centrale, le bureau exécutif a tenu mettre la main sur le syndicat en mettant à sa tête un membre du PADS (Parti de l'avant-garde démocratique socialiste), n'ayant jamais mis les pieds au sein du Bureau national depuis novembre 2000. Aussi, en guise de réplique aux arguments avancés par le Bureau excécutif concernant le gel des activités du syndicat et l'avortement de la manifestation du 13 juin qui devrait avoir lieu devant le ministère de tutelle, M. Khairat annonce que la décision de l'arrêt de la manifestation a été pris par l'ensemble du bureau national, suite à l'annonce par le ministère de tenir des négociations. Lesquelles négociations ont bel et bien eu lieu. Dans le même ordre, il a déclaré que les instances du syndicat se réunissaient de manière régulière et constante. Et d'ajouter que les 19 et 20 du mois courant se tiendront, à Rabat, les assises du Conseil national et de la Commission du syndicat, pour arrêter la stratégie d'action à mener et ce, conformément à la recommandation du Conseil national, du 13 juin dernier. Par ailleurs, la confrontation entre les partisans du Congrès national ittihadi et ceux de l'USFP a pris récemment un tournant qui pourrait avoir des retombées décisives Lundi 15 juillet 2002, le juge des référés près le tribunal de première instance de Casablanca - Anfa a décidé l'ajournement du congrès du Syndicat national de l'enseignement (SNE), auquel a appelé le Bureau exécutif de la Confédération démocratique du travail, jusqu'après le verdict concernant la légalité de l'instance dirigeante du syndicat de l'enseignement. Lors de cette séance, qui a duré quatre heures environ, les avocats des deux parties (Khalid Soufiani, en particulier, au nom du Bureau exécutif de la CDT d'une part, et le duo Mohamed Chehbi et Mohamed M'rini, en tant que défenseurs du SNE, d'autre part) se sont livrés à une véritable polémique sur les plans juridique et politique. Une polémique qui risque de se propager dans lres semaines qui viennent et toucher d'autres secteurs.