Fatima Belmoudden, députée et membre du bureau politique de l'USFP, estime qu'il est encore trop tôt pour dresser un bilan relatif aux récentes élections communales. Elle souligne au passage que la profusion des partis politiques engendre de petites formations dont le rôle se limite à fausser le jeu politique national. Aujourd'hui Le Maroc : Quel bilan faites-vous de la participation de l'USFP aux élections communales du 12 septembre dernier? Fatima Belmoudden : Pour le moment, il est prématuré de faire un bilan général de la participation de notre parti à ces échéances électorales du 12 septembre dernier. Le processus électoral n'est pas encore clos. Les élections de la deuxième chambre en plus des celles des conseils des régions ne se sont pas encore déroulées, tandis que les élections des conseils préfectoraux sont en cours. N'importe quelle évaluation serait donc approximative. Établir un bilan général ne pourrait s'effectuer que par le bureau politique du parti qui aurait alors en main toutes les données. Mais ne peut-on pas dire que suite au fiasco des communales, l'USFP est en crise ? Je dirais que la situation que vit actuellement notre parti est tout à fait normale, et ce en prenant en compte plusieurs critères. Le premier n'est autre que la nature même du champ politique marocain, caractérisé par la prolifération des partis politiques. Ces petites formations entrent en jeu et faussent complètement le jeu politique national. En outre, le mode de scrutin par liste, adopté lors de ces élections communales, a également posé plusieurs problèmes. Je dirais également que le faible taux de participation, notamment dans les circonscriptions urbaines, a beaucoup nui au parti. Dans plusieurs circonscriptions de Casablanca par exemple, le taux de participation n'a pas dépassé les 20 %. Notre parti a d'ailleurs subi les conséquences de cette situation de plein fouet. Le bon score réalisé le lendemain du 12 septembre ne s'est nullement reflété lors de l'élection des présidents du Conseil de la ville. L'USFP a perdu les plus grandes mairies du pays. Quelles sont à votre avis les raisons de ce revirement de situation ? Les raisons sont multiples. La plus importante à mon avis demeure l'absence d'une vision politique claire des alliances de la part des élus socialistes. Notre parti aurait dû clarifier sa position quant aux éventuelles alliances à contracter. Le bureau politique de l'Union socialiste aurait dû clarifier la situation et se déclarer ouvertement en faveur d'un courant politique précis. Dans l'état actuel des choses, ce ne pouvait être qu'en faveur des autres formations de la Koutla et celles formant la majorité gouvernementale. Une vision aussi claire aurait coupé court au jeu des alliances contre-nature qui s'est retourné contre les intérêts de notre parti dans différentes régions du Royaume. Un jeu qui, au bout du compte, s'est dévoilé en plein jour lors de l'élection des maires des plus grandes villes marocaines. Et comme je l'ai déjà dit auparavant, je ne pourrais pour le moment pas analyser objectivement cette situation et définir la part de responsabilité de chacune des composantes du parti. La déconfiture de l'USFP dans ces villes-là ne serait-elle pas due à un mauvais choix des candidats ? Je ne le pense pas. Le choix de nos candidats dans la majorité des circonscriptions où nous nous sommes présentés s'est effectué sur la base de critères objectifs et clairs. Je dirais même que les militants socialistes ont été unanimes pour choisir le candidat du parti dans plusieurs villes du Maroc. Je citerai à cet effet l'exemple de Marrakech et de Fès. Et puis, l'USFP n'est pas l'unique grand parti politique à avoir rencontré des difficultés dans l'établissement de ses listes électorales et le choix de leurs têtes. Voulez-vous dire que l'USFP a été la victime d'un complot ? C'est certainement le cas. Notre formation s'est trouvée visée par plusieurs autres partis politiques marocains. Ces derniers n'ont cessé d'amplifier les dissensions, somme toute naturelles, qui sévissaient dans les rangs des militants usfpéistes. Ces formations politiques adverses ont saisi l'opportunité d'être en campagne électorale pour empoisonner l'ambiance au sein du parti. Ces magouilles ont d'ailleurs éclaté au grand jour lors de la contraction des alliances. Il était clair que l'USFP se trouvait dans leur ligne de mire. Et au vu des résultats obtenus à la tête des grandes villes marocaines, je dirais que ces complots ont abouti.