Le prix international de la poésie Argana est l'un des temps forts du Salon international de l'édition et du livre de Casablanca (SIEL) qui a ouvert ses portes le 12 février et qui se poursuivra jusqu'au 21 du même mois. Le prix de cette 10ème édition est revenu au grand poète allemand Volker Braun. Celui-ci rejoint ainsi les poètes arabes et étrangers ayant été couronnés par ce prix dont, notamment le poète portugais Nuno Judice, le Palestinien Mahmoud Darwich, l'Irakien Saadi Yousef et les poètes marocains Mohamed Serghini et Tahar Ben Jelloun. Quant au choix de Volker Braun comme lauréat de cette édition, le jury a expliqué que «Volker Braun médite les conditions de l'Homme, de la société et du monde à travers une vision poétique et philosophique pénétrante, sans cesse renouvelée». Il a précisé que «ce grand poète a permis d'enrichir la poésie allemande, européenne et humaine grâce à une expérience profonde alternant vivacité de l'esprit, critique et raffinement de la sensibilité poétique qui se nourrit d'une forte expérience littéraire lui permettant d'écrire dans plus d'un genre littéraire». Lors de son intervention, Volker Braun a exprimé sa joie et sa fierté de remporter ce prix. Il a souligné son attachement au patrimoine poétique soufi en se remémorant le parcours de Ibn Arabi. Il a indiqué en effet le rôle de la poésie comme remède spirituel contre l'oppression et la violence. Il faut noter que Volker Braun s'est fait connaître dans les années 70 avec son premier poème «Provocations pour moi et d'autres» mais également en tant que dramaturge à Berlin. Cet écrivain très engagé s'est mis, suite au printemps de Prague, à traiter de la vie dans le socialisme et à penser à des possibilités de réformes. Son attitude lui coûtera Trois ans de travail forcé dans les mines, à l'issue desquels il a pu étudier la philosophie. Aujourd'hui il est l'un des écrivains d'Allemagne les plus célèbres. Il a remporté de nombreux prix comme le Prix Lessing en 1981, le Prix de Littérature de Brême en 1986, le Prix de la Mémoire à Schiller en 1992 et le Prix de la critique allemande, avant d'être consacré par l'Académie allemande des lettres «Prix Georg-Büchner» en 2000, la plus haute distinction littéraire en Allemagne. Ses poèmes, romans et pièces de théâtre traitent de la vie en ex-RDA, des espoirs nourris par la propagande de l'URSS, de la conscience de soi et de la compassion. Il s'est également interrogé sur les raisons de l'échec de ce système. Depuis 2006, il est le directeur de la section littérature de l'Académie des arts de Berlin.