Dès qu'il est rentré à la salle d'audience, il a commencé à clamer son innocence. Le président de la Cour à la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca lui a demandé de se taire en attendant qu'il l'interroge. Mais le jeune mis en cause, âgé de vingt-huit ans, célibataire, ne semblait pas avoir l'intention de se taire, il continuait à se disculper en criant avec hystérie: «Je suis innocent, je suis innocent». Le président de la Cour a demandé alors aux policiers de le conduire en dehors de la salle d'audience pour qu'il se calme. Il a fallu plus d'une heure pour qu'il se calme enfin et retourne à la salle d'audience. Mais une fois le président de la Cour lui a rappelé l'accusation qui lui a été attribuée, à savoir coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner, il a recommencé à clamer son innocence à haute voix. Mais cette fois-ci, le président l'a menacé de le mettre en prison tout en le jugeant par contumace. Le mis en cause a alors baissé sa voix pour répondre aux questions. En effet, ce jeune homme était en compagnie de son ami, âgé de trente-deux ans, employé, divorcé et père d'une fille, en train de s'enivrer. Ce n'était pas la première fois qu'ils se soûlaient ensemble. Seulement, leurs voisins du quartier Sidi Othman ne savaient pas ce qui leur est arrivé la dernière fois. Ils ont tenté d'intervenir pour les calmer, mais en vain. Tous les deux étaient armés de couteaux et chacun d'eux avait l'intention de poignarder l'autre. Pourquoi ? Selon le procès-verbal dressé par la police, le mobile était une fille qu'ils aimaient tous les deux. Chacun a demandé à l'autre de se retirer et de ne plus penser à elle. Mais aucun des deux n'avait l'intention de capituler. Au contraire tous les deux voulaient entretenir une relation amoureuse avec cette fille qui d'ailleurs n'a jamais prêté attention à l'un d'eux ! «M. le président, je ne lui ai donné aucun coup, je l'ai juste poussé pour qu'il tombe par terre», a expliqué le mis en cause. Certes, les enquêteurs ont remarqué, quand le crime a eu lieu, que la victime ne porte pas de blessures par arme blanche, mais du sang coulait de sa tête. Un état qui a entraîné une hémorragie interne causant sa mort. Après les délibérations, la Cour a jugé le mis en cause coupable de coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner tout en le faisant bénéficier des circonstances atténuantes. Verdict : huit ans de réclusion criminelle.