Dans la discrétion la plus totale, les autorités publiques finalisent la convention d'investissement avec le raffineur national Samir. La commission technique interministérielle doit donner son avis, ce mardi 14 septembre. Les distributeurs attendent une solution équitable pour l'ensemble de la filière. La question de l'énergie n'est pas un sujet seulement technique d'experts mais reste un véritable débat de société qui va s'imposer de lui-même. Au moment où les cours des produits pétroliers continuent de peser lourdement sur le budget du pays, une convention est actuellement à l'étude par les pouvoirs publics pour évaluer l'impact des coûts des produits pétroliers ainsi que leurs répercusions sur le consommateur. À l'heure de ces grands enjeux, des choix en matière de politique énergétique ne pourraient résulter que d'une prospective énergétique, qui constituera un outil indispensable pour explorer les diverses solutions face à ces défis. L'Etat est en phase de finaliser la très attendue convention d'investissement devant statuer, définitivement, sur les engagements futurs du raffineur national Samir. La Commission technique interministérielle doit donner son avis ce mardi 14 septembre, quant aux derniers points de divergence. L'absence de communication sur ce dossier sensible suscite ces derniers jours un certain émoi et un profond désarroi chez les opérateurs du secteur qui plaident en faveur d'une solution juste et équitable. « J'estime qu'il est opportun d'associer les opérateurs sans exclusive à une large concertation, et à une plus grande coordination afin de préserver les intérêts de toutes les parties », estime Abdalah Alaoui, président de la Fédération de l'énergie. Il est assurément important et urgent d'engager un débat national sur l'énergie parce que ce sujet intéresse tous les Marocains et pas seulement les experts et les commis de l'Etat. L'intérêt est de déterminer une stratégie globale de raffinage et de distribution parce que l'intérêt des uns ne va pas sans l'autre. Cette voie ne peut être empruntée qu'en adoptant une approche qui coupe court avec le passé. Le non-retour à de vielles pratiques en est, assurément, la garantie. En premier lieu, la fin des situations monopolistiques mais aussi une plus grande ouverture à la concurrence et à la compétitivité. En plus, l'engagement de mettre sur le marché un produit plus propre est pour l'année 2005. Le fait de reporter cette décision, profitable à l'ensemble des Marocains, revient avec insistance. Globalement, les diverses solutions doivent désormais prendre en considération la sécurité d'approvisionnement à long terme, les tensions sur les prix des énergies, la préservation de l'environnement, la raréfaction des réserves d'énergies fossiles, ainsi que la refondation du système énergétique après l'ouverture des marchés. Les causes des dernières flambées des prix du brut sont désormais connues. L'incertitude sur l'avenir du groupe pétrolier russe Ioukos, qui représente 2% de la production mondiale, en est assurément une. La tendance à la hausse des cours semble bien établie en raison d'abord du contexte géopolitique (tensions au Proche-Orient, insécurité en Irak, incertitudes politico-sociales au Nigeria et au Venezuela. Les économies émergentes, nouveau poumon de l'économie mondiale mais aussi l'Inde, le Brésil et la Russie, contribuent largement à l'explosion de la demande. Toutefois, les analystes estiment que la consommation des hydrocarbures est également amplifiée par la synchronisation, peut être pour la première fois, des cycles économiques favorables au Japon, en Europe et aux Etats-Unis. Les stocks mondiaux de produits pétroliers sont très bas. L'envolée de leur prix entraîne dans son sillage celle de brut. Le problème est aggravé après la forte baisse des capacités de raffinage aux Etats-Unis mais aussi un peu partout dans le monde. Ce constat recadre, avec insistance, le débat au niveau national. L'occasion de repenser la stratégie globale en matière de raffinage ne doit plus être ratée. Une meilleure concertation entre raffineurs et distributeurs, avec la dimension écologique et de développement durable, serait profitable à tous, le pays en tête.