La communication est l'instrument de base pour véhiculer les idées et les principes de toute formation politique. La mouvance islamique et le Parti de la justice et du développement (PJD), en particulier, disposent de leurs propres atouts en la matière. En ce qui concerne Al Adl Wal Ihsane, la censure de fait de ses supports (Al Adl Wal Ihsane et Rissalat Al foutouwa) a mis fin à la présence médiatique du mouvement. Ce qui fait largement l'affaire du PJD, qui dispose de deux organes de presse régulièrement distribués à travers tout le Royaume : un hebdomadaire «Al Asr» et un quotidien, «Attajdid». Ce dernier est plutôt considéré comme porte-parole du mouvement «Attawhid Wal Islah», mais ses responsables sont tous membres du PJD. Ce qui fait que si l'hebdomadaire suit le cours des activités générales à l'instar des supports des autres partis politiques, le quotidien, lui, est consacré à traiter de tous les problèmes quotidiens de la vie avec ce «plus» de nature religieuse. Le journal semble plus un espace de «fatwas» à peine masquées qu'un quotidien d'informations générales. Plusieurs articles sont rédigés par des Imams de renommée ou des professeurs universitaires et des chercheurs connus. D'où la dénaturalisation du message médiatique qui n'émane pas d'un journaliste ordinaire mais d'un homme de religion digne de respect ,selon nos mœurs. Nombreux sont les cas où les écrits, notamment dans le quotidien «Attajdid» , ont pris une tournure radicale, relayée la plupart du temps par les prêches de la prière du vendredi. L'exemple le plus récent est celui survenu lors de la conférence de l'Internationale Socialiste. Raison pour laquelle les autres partis politiques ont dénoncé le monopole de la religion arguant que tous les Marocains sont des musulmans, et que par conséquent la mosquée ne doit pas être transformée en un lieu de meeting pour les partis dits islamistes. L'allusion est, bien entendu, faite au PJD et particulièrement quand l'Imam Adbelbari Zemzami avait fait des déclarations publiques à propos du leader de la gauche marocaine, feu Mehdi Ben Barka. Ce dernier, selon la fatwa, ne peut bénéficier du titre de martyr puisqu'il est mort en défendant des principes qu'il a puisés dans une idéologie hérétique contraire à l'islam. Ainsi furent fermées les portes du paradis pour Ben Barka. De tels propos risquent de perturber sérieusement un certain nombre de notions chez les nouvelles générations fréquentant les mosquées. Le comble c'est que de nombreux Imams citent «Attajdid» et «Al Asr» comme références, en plein prêche de vendredi. Si l'élite boude cette presse jugée radicale, obscurantiste…celle-ci est largement compensée par ces grands espaces réservés que sont les mosquées. Une stratégie imparable jusqu'à présent. Il n'y a qu'à jeter un coup d'œil sur les chiffres de vente et l'amélioration continue de la mise en page des journaux en question.