Souhaité par les Etats-Unis et Israël, le départ du président palestinien n'est certes pas à l'ordre du jour, mais l'influence de Yasser Arafat est actuellement durement mise à l'épreuve par son propre entourage. Pressé par l'administration Bush dans la mise en place de réformes internes, Yasser Arafat est depuis plusieurs jours confronté à d'importantes difficultés. Au cœur de la polémique : la «purge» des neuf services de sécurité palestiniens, que le président de l'Autorité s'est engagé à regrouper en quatre agences placées sous la responsabilité d'un nouveau ministère de l'Intérieur. Le premier accroc est apparu avec le limogeage mercredi dernier du chef de la sécurité préventive pour la Cisjordanie, Djibril Radjoub. Départ qui avait entraîné la contestation de plusieurs «fidèles» du responsable et une réunion de crise samedi. Dimanche à Hébron, un millier de Palestiniens, essentiellement des membres des services de sécurité, avaient même manifesté contre cette décision. L'intéressé, que certains considèrent comme le successeur potentiel du président palestinien, avait alors estimé qu'Arafat avait commis une «grave erreur» en nommant à sa place une personnalité extérieure aux services de sécurité. Radjoub avait ajouté qu'il avait rencontré Arafat, non pas pour lui demander de revenir sur sa destitution mais pour l'inviter à reconsidérer son remplacement par Zouhaïr Manasra, gouverneur de Jénine, en Cisjordanie. «A présent, c'est à lui de décider s'il révisera ou non sa décision. Mais je ne pense pas qu'il y ait une rébellion ou quoi que ce soit» avait-il conclu. Dimanche, la contestation – qualifiée de «fronde» par certains observateurs - avait pris une nouvelle dimension lors de la circulation d'une rumeur concernant le limogeage du général Taoufik Tiraoui, responsable des services de renseignement en Cisjordanie. «Il s'agit d'une campagne de désinformation d'Israël destinée à semer le trouble dans la rue palestinienne» a finalement répondu l'intéressé lundi, après que la direction ait qualifié ces informations de «complètement fausses». Si ce départ devait se concrétiser, il serait en tout cas le quatrième d'un chef des services de sécurité. Avant Tiraoui et Radjoub, le chef de la police, le général Ghazi Jabali, avait en effet présenté sa démission, suivie par celle du chef de la Défense civile, Mahmoud Abou Marzouk. Cette confusion, si elle illustre une certaine baisse d'influence de Yasser Arafat, a surtout de quoi réconforter Israël qui y voit un moyen – non calculé ? – de se débarrasser du leader historique. Tout en donnant pour consigne à son armée de rester dans les villes palestiniennes de Cisjordanie, le premier ministre Ariel Sharon a même autorisé, lundi, son chef de la diplomatie, Shimon Pérès, à rencontrer les ministres palestiniens de l'intérieur et des finances, Abdelrazek Al-Yahya et Salam Fayad, considérés comme «des interlocuteurs nouveaux» par l'Etat hébreu. Ce lundi, l'état-major de l'armée israélienne a quant à lui fait part de ses propres intentions au quotidien Haaretz. « Il y a de grandes chances pour que le prestige d'Arafat décline d'ici six mois au point qu'il ne pourra plus empêcher l'émergence d'une nouvelle direction pragmatique, qui conduira les Palestiniens à un compromis avec Israël» a déclaré un responsable militaire. Vendredi dernier déjà, le nouveau chef d'état-major israélien, le général Moshé Yaalon, avait estimé dans les colonnes du quotidien Maariv qu'«à Washington, personne ne versera une larme sur lui si nous jetons Arafat dehors».