La Russie est en deuil. Des centaines d'enfants ont trouvé la mort dans une opération de prise d'otages en Ossétie. Les parents, tristes et en colère, mettent en cause la politique du président russe. La Russie est endeuillée après le carnage de la prise d'otages de l'école de Beslan. Le président Vladimir Poutine s'est excusé à son peuple, en lui promettant de mettre fin à ces actions terroristes. Des actions qu'il impute au terrorisme international. Après le drame de Beslan, le président russe n'a pas laissé entrevoir d'évolution dans son approche du conflit tchétchène. Dans son allocution à la nation samedi, il a affirmé que la Russie était victime de sa faiblesse à l'égard du "terrorisme international" et il a annoncé une réforme des services de sécurité. Cependant, ses propos ne semblent guère convaincre la majeure partie de la population russe. Après le massacre, la colère et les interrogations sont de mise. Les habitants sont sceptiques et ne partagent pas l'avis du président Poutine. « La thèse officielle voulant que le terrorisme soit derrière le drame de Beslan est un piège », a déclaré à la presse Boris Newton, homme politique libéral. En outre, d'après l'analyse faite par le quotidien ”Kommersant”, la référence au "terrorisme international permet à tous les gouvernements de ne pas assumer leur responsabilité pour la mort de leurs citoyens". La presse fustige donc le pouvoir, accusé de ne pas assumer ses responsabilités. Après le drame , tout le monde se pose de multiples questions : «Pourquoi un tel massacre s'est-il produit ? et pourquoi des innocents sont-ils morts ?» Il s'agit aussi de savoir si cela aurait pu être évité. D'après certains politiciens russes et chez la majeure partie de la population, la réponse à ces questions est affirmative. « Si nous évoquons une responsabilité politique, alors il ne peut y avoir d'autre opinion: les plus hautes autorités, notamment le président et le ministère de l'Intérieur doivent porter la responsabilité", écrit, pour sa part, le député indépendant, Vladimir Rijkov, dans le quotidien ”Nezavisimaïa”. La déception s'ajoute à la colère et au scepticisme. Certains vont même jusqu'à évoquer une rupture de contrat. "Nous sommes complètement vulnérables dans les airs, dans le métro, dans notre capitale et en dehors (...) Il a été élu sur la base d'un contrat de rétablissement de l'ordre dans notre pays, de garantie de sécurité pour la population. Nous constatons aujourd'hui que ce contrat a été rompu." L'opinion russe est traumatisée et désire avoir des réponses à ses questions. Interrogé à ce sujet, un jeune Moscovite ne comprend pas pourquoi il y a eu tant de victimes innocentes et qu'il n'y a aucune garantie qu'un tel drame ne se reproduise plus. Pour un autre Russe, l'origine du problème, c'est la guerre en Tchétchénie. D'après lui, s'il n'y avait pas de conflit, cette prise d'otages n'aurait peut-être pas eu lieu. Mêmes échos dans la presse nationale qui s'étonne de l'absence de représentants du Kremlin en Ossétie du Nord durant la crise. Ce massacre de Beslan, rappelle donc certains évènements en Russie. Des évènements tels que la tragédie du Koursk et la prise d'otages du théâtre de la Doubrovka à Moscou. Ces évènements ont tous un point commun. Ils sont tous marqués par le silence et la désinformation. Les télévisions, contrôlées par l'Etat, ont reconnu appliquer des consignes de censure. D'ordinaire peu critique, le quotidien ”Izvestia” a qualifié de "honte nationale" la couverture télévisée du drame. En somme, les évènements de Beslan viennent s'ajouter à la liste de tant d'autres qui demeurent incompris et inexpliqués. Des innocents ont trouvé la mort et la réponse aux interrogations des Russes n'est toujours pas énoncu.