Le sous-développement est un phénomène politique qui exige des réformes structurelles de l'Etat, d'où la nécessité pour les décideurs politiques d'une légitimité des urnes. L'Association «Alternatives - Changement et développement» a célébré, vendredi à Casablanca, «la fête de la démocratie et des démocrates» en organisant un débat sur le bilan de l'action du gouvernement d'alternance et les perspectives d'avenir. Unanimes, quoique venants de milieux divers et ayant des préoccupations différentes, les intervenants, des responsables politiques et des représentants du champ socio-économique, ont plaidé pour une réforme de l'Etat et du système d'administration, qui soit à même de redonner confiance aux citoyens. Pour Driss Benali, président d'alternatives, en dépit de son bilan mitigé, l'action gouvernementale comporte des acquis importants notamment dans le domaine des libertés publiques. Pour Mohamed Guessous, membre du bureau politique de l'USFP (Union socialiste des forces populaires), le Maroc évolue au niveau structurel et le débat se doit de porter sur l'avenir, soulignant que son parti vit aussi une transition à l'instar de la société marocaine. L'orateur, qui a tenu à s'exprimer en tant que «militant politique, universitaire et citoyen», estime que la cause principale du sous - développement au Maroc est politique d'où la nécessité de réformer l'Etat afin que celui-ci se mette au service de la société et non pas l'inverse. Et d'ajouter qu'il faut aussi repenser les dérives que connaît la société marocaine, notamment le populisme et la technocratie, engager le débat sur la modernité et défendre la rationalité au lieu de se contenter de solutions médianes. De son côté, Nabil Benabdallah, membre du Bureau politique du PPS (Parti du progrès et du socialisme), a considéré qu'il y a lieu de «dynamiser la démarche consensuelle» et la doter de «la légitimité des urnes», seule condition de pouvoir concrétiser la vision des démocrates et de disposer d'une majorité capable d'appliquer son programme. Abdellah Bekkali du Parti de l'Istiqlal (PI) a estimé, pour sa part, qu'il est devenu nécessaire de repenser le rôle de l'Etat dans les élections, déplorant que les forces démocratiques n'aient pas pu constituer un pôle important unifié. Il s'est également interrogé avec inquiétude, sur la future majorité qui sortira des urnes. S'exprimant au nom du milieu des entreprises privées, Salwa Karkri Belekziz, femme d'affaires, a estimé que l'harmonie sociale doit être garantie par l'Etat et le gouvernement devra être choisi sur la base d'un programme. Quant à Zouhair Bensaid, cadre financier il s'agit essentiellement de restaurer la confiance des citoyens dans l'administration et la justice et d'engager un processus de regroupement des partis politiques. Enfin, Noureddine Ayouch de la Fondation Zakoura a considéré que les partis politiques se doivent d'investir le «terrain» en s'intéressant aux jeunes, au monde rural et à la femme, un espace que seules les associations occupent pour l'instant. Il s'est en outre interrogé sur le fait que les partis ne fassent pas participer la société civile au gouvernement. Ceci étant, après ce débat, les invités de l'association ont été conviés à une soirée musicale et d'humour.