L'organisation Reporters sans frontières «interpelle» directement Silvio Berlusconi à propos des «menaces qui pèsent sur le pluralisme de l'information en Italie». «Nous vous exhortons à prendre la mesure de la gravité, pour l'avenir, d'une situation faisant de l'Italie le seul Etat de l'Union Européenne, où l'ensemble des médias audiovisuels du pays, privés comme publics, sont contrôlés, directement ou indirectement, par le pouvoir en place», écrit le secrétaire général de l'organisation Reporters sans frontières (RSF), Robert Ménard dans un courrier daté du 2 juillet. L'appel est adressé au célèbre magnat des médias, Silvio Berlusconi. RSFa effectivement demandé à rencontrer à Rome le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, pour «évoquer les menaces pesant sur le pluralisme de l'information en Italie», dans une lettre dont une copie a été adressée mercredi à certaines agences de presse. «Ni les préoccupations que nous exprimons depuis plusieurs mois, ni les nombreuses protestations internationales de ces dernières semaines, suite à la suppression d'émissions politiques à la RAI, n'ont trouvé d'écho auprès de vous», déplore M. Menard. Plus encore, RSF rappelle dans un communiqué que Silvio Berlusconi «contrôle, par l'intermédiaire de la holding Fininvest, le premier groupe de télévision privé italien, Mediaset, fort des trois principales chaînes privées nationales du pays, et qu'il est l'un des actionnaires de contrôle du groupe Mondadori, l'un des principaux groupes italiens de presse et d'édition». «Dans ces conditions, les trois autres chaînes de télévision du pays, les trois télévisions publiques de la RAI, jouent un rôle fondamental pour maintenir le pluralisme de l'information audiovisuelle en Italie. Or Silvio Berlusconi et le nouveau conseil d'administration de la RAI, désigné par la nouvelle majorité parlementaire en février 2002, multiplient les pressions sur les journalistes jugés critiques envers le gouvernement», poursuit RSF. Les attaques de l'actuelle majorité contre certains journalistes de la RAI sont allées crescendo jusqu'au voyage de M. Berlusconi en avril en Bulgarie, au cours duquel il a nommément attaqué trois de ces journalistes. Sur les trois journalistes, deux, Enzo Biagi et Michele Santoro, conduisaient régulièrement des émissions politiques critiques envers le gouvernement supprimées de la nouvelle grille de programmes de la RAI. M. Biagi qui, à 82 ans, est une véritable institution dans le pays, a toutefois obtenu mardi l'animation d'émissions d'actualité et d'enquêtes à l'automne prochain sur la RAI, mais son programme phare, «Les faits», diffusé tous les soirs après le journal télévisé de la RAI 1 disparaît. L'Institut international de la presse (IPI) a dénoncé les «pressions sur les médias » du gouvernement italien tandis que la Fédération internationale des journalistes (FIJ) a jugé que la situation à la RAI devenait «intolérable». L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a demandé «une clarification » à M. Berlusconi sur cette affaire.