L'horaire continu prend fin début septembre. La question d'en faire une règle durant toute l'année ne figure plus à l'ordre du jour du gouvernement. Mais l'idée fait toujours débat. L'horaire continu a pris fin ce lundi, au grand dam de nombreux fonctionnaires qui ont, deux mois durant, goûté aux joies de journées de travail particulièrement allégées. L'idée d'en faire un système permanent tout au long de l'année, piétine depuis des lustres. Plusieurs fois approuvée par les différents gouvernements l'application de ce procédé a été systématiquement reportée. Le sujet a même fait l'objet d'interminables marchandages politiques du temps du gouvernement Youssoufi. Aujourd'hui, le débat semble s'estomper et la question de la généralisation de l'horaire continu ne figure pas dans les priorités de l'actuel gouvernement. Mohamed Boussaid, ministre chargé de la Modernisation des secteurs publics estime que l'horaire continu ne constitue « qu'une mesure d'accompagnement, qui peut éventuellement figurer dans le cadre d'une réforme globale de l'administration ». Il n'empêche que le sujet suscite, à plusieurs occasions, notamment durant l'été et le mois de Ramadan, une vive controverse. Une question se pose : pourquoi doit-on adopter l'horaire continu ? L'argumentaire souvent avancé veut que le fonctionnaire ait droit à un temps de loisir pour pouvoir se consacrer à sa famille et à son épanouissement. Cet argument semble un peu décalé de la réalité. Dans les autres pays arabes qui ont adopté le système, le souci est d'abord d'ordre économique. Ce n'est pas pour les loisirs qu'on a adopté ce système mais pour permettre aux fonctionnaires d'exercer un autre travail dans l'après-midi. Ceci étant, la question reste ouverte. Un premier élément de réponse peut être décelé dans l'analyse des avantages et des inconvenants du procédé. Quels sont donc les avantages d'un tel système ? Pour M. Boussaid, «l'horaire continu permet une augmentation de la plage horaire de contact avec l'Europe ». Globalement, ce procédé permet une nette réduction des frais de fonctionnement de l'administration. Le système permettra d'autre part d'économiser dans la consommation du carburant, de l'éclairage et de contribuer à l'amélioration de l'environnement. Et les inconvénients ? Pour les usagers, l'image qui revient le plus souvent est celle des administrations qui se vident très tôt. Beaucoup de fonctionnaires désertent leurs bureaux soit pour faire la prière soit pour manger, et ne plus revenir après. Reste que l'absentéisme et l'irresponsabilité sont devenus des composants structurels du fonctionnement administratif, et l'horaire continu ne fait que mieux miroiter les tares de l'administration. Mais que pensent les principaux concernés, à savoir les fonctionnaires, de ce sujet ? Une étude avait été élaborée à partir d'un sondage effectué auprès de toutes les parties concernées dont la société civile, la CGEM, les syndicats et les fonctionnaires. Elle a montré que près de 84% des fonctionnaires étaient prêts à appliquer l'horaire continu. Seuls 14% des couples fonctionnaires ont des enfants en bas âge, selon cette étude qui précise que 2,5% des fonctionnaires auraient un problème avec l'école. La majorité des fonctionnaires sondés désirent voir ce système adopté tout au long de l'année, contre une minorité qui préfère limiter le système à la période estivale. Mais l'instauration de l'horaire continu implique des préalables, notamment en ce qui concerne la logistique, le coût de la restauration des fonctionnaires et l'adaptation du temps administratif au temps scolaire. Car l'épineux problème de la nourriture ne concerne pas uniquement les fonctionnaires, mais aussi leurs enfants. Des cantines scolaires doivent être disponibles surtout pour les écoles du primaire. Dans l'absolu, la journée continue est de ces réformes qui changent radicalement les habitudes de la société. Reste à savoir dans quel sens au juste.