Contrairement au mobile, la libéralisation du fixe ne suscite pas un grand engouement auprès des leaders mondiaux de télécommunications. Ces derniers vivent une crise sans précédent. Même s'il est inscrit dans le calendrier de libéralisation du secteur des télécommunications, fallait-il lancer l'appel d'offres pour l'octroi de la licence de téléphonie fixe au moment où la conjoncture des télécommunications est défavorable ? Les avis sont partagés. Mais les langues ne se diluent pas rapidement. Il faut dire que les enjeux d'une telle opération sont de taille. Toutes les entreprises impliquées ne souhaitent pas prendre position. A en juger par la liste des dix candidats qui ont retiré le cahier de charges auprès de l'ANRT (Agence nationale de régulation des télécommunications), force est de constater que plusieurs ténors mondiaux des télécommunications n'y sont pas, exception faite de l'espagnol Téléfonica et de Portugal Telecom, actionnaire de référence de Méditelecom qui figurent en tête de liste des dix prétendants pour la licence. Parmi les grands absents, on peut citer à titre d'exemple France Télécom, candidat malheureux lors de l'attribution de la deuxième licence GSM. L'opérateur français suscite actuellement la méfiance auprès des marchés financiers. Même Vivendi-Universal, actionnaire de Maroc Telecoms, pressenti pour cette licence n'échappe pas à la tendance. Le départ de son président Jean-Marie Messier amplifie la crise et remet en question la stratégie de développement du groupe à l'international. Une chose est sûre : la licence fixe ne semble pas susciter un grand engouement auprès des groupes mondiaux de télécommunications contrairement à la licence de téléphonie mobile. Du moins, si l'on se fie à la liste des prétendants. Il ne faut pas perdre de vue que dans ce genre d'opérations, des prétendants sont de la partie mais sans qu'ils soient visibles. Pour certains observateurs, ce manque d'intérêt pour cette licence peut être justifié par le fait que le fixe est en train de perdre du terrain face au mobile. Selon les chiffres communiqués par Maroc Telecom, le parc de téléphonie fixe est de 1,2 million d'abonnés. Face à la percée du mobile, l'opérateur historique a perdu 300.000 abonnés. Cela ne veut dire pour autant que le mobile va remplacer le fixe. Loin de là. Tout dépend comment le futur adjudicataire qui sera dévoilé avant la fin de l'année en cours, sera tenu à investir plus d'1 milliard de DH dans un réseau de démarrage. L'octroi de cette licence sera marqué par une concurrence agressive entre les entreprises marocaines qui figurent dans la liste des prétendants. L'ONA mise beaucoup sur cette opération. La licence d'exploitation lui permettra de consolider son retour sur le marché des technologies de l'information et de la communication.