Abdelaziz, quinquagénaire, bigame et père de cinq enfants, à violé, à deux reprises, Hafida, une fillette de huit ans. Il a été condamné à 5 ans de prison ferme. Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Des policiers veillent sur l'ordre de la salle n°8. Ils ne laissent plus personne y entrer. Elle est archicomble. Et pourtant, le silence y règne. «Mahkama ! (La cour !)», crie l'agent. L'assistance se lève. Le président, ses quatre assesseurs, le représentant du ministère public et le greffier entrent, prennent leurs places. « Dossier n°…, l'accusé Abdelaziz et la victime Hafida… », appelle le président de la Cour. Abdelaziz se lève du banc des accusés, avance de deux pas, s'arrête aux box des accusés. Une femme avec une djellaba verte, un foulard marron, s'avance à pas lents, tenant la main d'une fillette, vêtue d'un tricot blanc et d'une jupe noire. «Laquelle des deux est Hafida?», demande une femme, à voix basse à sa voisine. « C'est sûrement la femme, puisque l'accusé est un homme et non pas un enfant», lui répond l'autre. Mais, une troisième femme, assise près d'elles, leur précise : «Non, non, Hafida est la petite fille, alors que la femme est sa mère qui s'appelle Naïma». Les deux femmes restent bouche-bée, l'une regardant l'autre, sans ajouter un mot. Le président s'adresse à l'accusé : «Ton nom, prénom, âge, ta situation familiale…». «Abdelaziz, (…), 51 ans, marié à deux femmes, père de cinq enfants…», répond-il. Il est accusé d'attentat à la pudeur sur mineure. «Non, Monsieur le président, c'est un coup monté par les parents de Hafida parce qu'on est en litige depuis quelques mois…», tente Abdellah de se disculper. «Ce sont des mensonges !», crie la mère de Hafida. Le président lui demande de se taire: «Ne parlez que si je vous en donne l'autorisation». - La mère se tait. Le président appelle la fille. Hafida, 8 ans, regarde sa mère, puis avance d'un pas, monte sur une chaise pour s'approcher du président. «Dis-moi, ma fille, et ne me cache rien. Qu'est-ce qu'il t'a fait, Abdelaziz ?…», lui demande le président. Hafida, se retourne vers sa mère. D'un hochement de la tête, elle l'encourage à parler. Avec toute l'innocence de ses huit ans, Hafida commence à raconter. «Abdelaziz est notre voisin, je le connais…». Abdelaziz baisse sa tête. Il se souvient du jour de sa naissance. Il avait 43 ans. Elle a grandi devant lui. Elle se rappelle les jours où il la prenait entre ses mains pour lui faire un bisou ou pour lui acheter des bonbons. Hafida reprend son récit : «C'était le soir. Je venais à peine de franchir le seuil de la maison… Abdelaziz m'a pris la première fois par la main et m'a conduite dans un coin, sous les escaliers où il met son vélomoteur…», précise-t-elle. Abdelaziz commence à pratiquer sur elle des attouchements indignes de la part d'un homme de son âge sur une fillette. «Ne dis rien, ni à tes parents, ni aux voisins, ni à tes amies…». Il lui tend une pièce d'un dirham. Hafida retourne chez elle, garde le mutisme. Quelques jours plus tard, il la rencontre à l'entrée de la maison, la saisit par la main, tente de l'emmener sur le même lieu, sous les escaliers. Elle refuse cette fois-ci. Il la tire par la main, ne se rend pas compte des larmes qui coulent de ses yeux. «Je ne te ferai pas de mal, c'est», tente-t-il de la calmer. Et il refait le même manège. La fille retourne chez elle, les larmes aux yeux. «Hafida, qui t'a frappée ?», lui demande sa mère. «Personne» lui répond-elle toujours les larmes aux yeux. Elle s'approche de sa mère, se jette dans ses bras. «Mais quelle mouche t'a donc piquée, ma fille ?» lui demande sa mère. «Abdelaziz, Abdelaziz, Abdelaziz», répète Hafida. «Mais qu'est ce qu'il a, Abdelaziz ?» lui demande sa mère. La petite fille lui raconte tout ce que lui a fait subir l'affreux satyre. Stupéfaite, la mère n'en croit pas ses oreilles. Sa fille mentirait-elle ? s'interroge-t-elle. Elle lui relève sa jupe et voit qu'elle est tâchée. Il n'y a aucun doute. Elle ne dit rien à Abdelaziz, ni à ses deux femme, mais elle emmène sa fille à l'hôpital. Le médecin qui l'a examiné lui délivre un certificat médical attestant que : «…Hafida présente des signes d'agressions sexuelles vulvaires et anales récentes. On constate par ailleurs du pus secondaire à ces relations répétées. Il existe au niveau de la fourchette vulvaire une lésion ancienne…». Les déclarations de la fillette et le certificat médical ont convaincu la Cour de la culpabilité d'Abdelaziz qui fut condamné à 5 ans de prison ferme. Celui-ci baissait la tête quand il a été conduit par les policiers hors de la salle à destination de la prison. Hafida a été reconduite par sa mère sous les yeux de l'assistance. Elle ne se verra pas prise en charge psychiquement. Ses parents sont trop pauvres et les autorités judiciaires. Elle continuera de vivre avec ses blessures physiques et morales dues à ce quinquagénaire, bigame, père de famille et surtout sans âme.