À Tikiouine, province d'Agadir, A.T, une femme célibataire de 36 ans, a été abandonnée par son ami pour tomber entre les mains d'une vingtaine de jeunes délinquants qui l'ont violée à tour de rôle. Elle rêve depuis des années de se marier. Pourquoi son unique rêve, qui lui reste, ne se réalise pas ? Est-elle malchanceuse au point que toutes ses voisines, ayant le même âge qu'elle, sont actuellement des mamans alors qu'elle est encore célibataire ? Trouvera-t-elle encore un homme qui accepterait une fille de trente-six ans pour le mariage ? Un tas de questions qui matraquent sans cesse sa tête. C'est certainement le Destin. Et personne ne peut le contester. A.T n'était jamais renfermée sur elle-même, elle entretenait des relations amicales avec ses voisines et ses amies. Elle avait également des relations avec des jeunes hommes. Seulement, aucune d'elles n'était sérieuse pour qu'elle aboutisse sous le toit d'un foyer familial. Pourquoi? Elle ne dispose pas d'une réponse convaincante même pour elle. D'abord son niveau d'instruction ne lui permet pas de s'auto-critiquer pour mettre le doigt sur ses inconvénients et ses défauts qui empêchent les jeunes hommes de la demander au mariage. Sans dépasser le niveau primaire, elle s'est retrouvée près de sa mère en train de s'occuper de la vaisselle, de faire les courses et se charger d'autres activités ménagères. Personne ne l'a aidée à se libérer de ce monde sans horizon. Au fil des années, la vie est devenue plus que routinière pour elle et sans avenir. Juin 2004. Une lueur d'espoir est venue illuminer sa vie, lui rendre la confiance en elle-même, lui permettre de revoir une fois encore la vie en rose. Elle était se dirigeait vers le marchand du quartier quand elle a été croisée par un jeune homme, bien habillé. D'un chuchotement à une conversation, A.T s'est retrouvée devant un homme, la quarantaine, qui semble sérieux. Il l'a séduite au point qu'elle n'a pas hésité de faire avec lui un tour, mais pas loin de chez elle pour ne pas mettre la puce à l'oreille de sa mère qui l'attendait. Quand elle est sortie, ce jour du début de juillet, pour se rendre chez le marchand afin d'acheter du sucre et des épices, elle a trouvé son «chevalier» en train de l'attendre. Elle n'avait pas le temps de rester avec lui. Mais il l'a suppliée de converser avec lui au moins pendant quelques minutes et d'aller jusqu'à l'hypermarché Makro. “J'ai des choses à te dire à propos de notre mariage“, lui dit-il. Elle a fini par accepter. Il a commencé à lui parler généralement en traînant leurs pas. Elle l'écoutait attentivement. Ils ont emprunté le chemin de “la forêt d'olive“, alors qu'il continue à lui parler sans cibler un sujet précis. Soudain, trois jeunes leur ont barré le chemin. Ils étaient armés de couteaux. A.T s'est mise derrière son compagnon pour se défendre. Elle ignorait qu'elle se défendait par un château de cartes. Deux coups de poing étaient suffisants pour que son cavalier se sauve. Bref, il l'a abandonnée, la laissant à son propre sort. Perturbée, A.T n'a jamais pensé être abandonnée ainsi par un homme, et se retrouver seule devant trois monstres armés de couteaux. Que devait-elle faire ? Elle les a suppliés de la laisser en paix. Mais en vain. Les trois jeunes hommes la désiraient. Elle a tenté au départ de résister. Les coups de poing et de pied l'ont effondrée. Et le trio a commencé à la violer l'un après l'autre. Sans pudeur, ils l'ont obligée de faire l'amour dans diverses positions. Entre temps, une vingtaine de délinquants passaient par le même chemin. Quand ils ont remarqué la victime entre les griffes des trois rapaces, chacun d'eux a voulu sa part. L'un du trio a brisé aussitôt une bouteille et a gardé son tesson. “Si quelqu'un veut coucher avec elle, il doit verser une somme d'argent“, leur dit-il. Deux, quatre, cinq, dix dirhams et plus pour quelques secondes de plaisir. Vingt jeunes délinquants y sont passés, selon un témoin qui n'a pas hésité d'indiquer aux enquêteurs les traces des violeurs. Ils l'ont violée sans pitié de 18h à 3h du matin. Dans un état lamentable, elle a entendu l'un d'eux proposer aux autres de la jeter dans un puits. A ce moment, elle est arrivée de se lever et de s'enfuir. Elle a été transportée à l'hôpital Hassan II, d'Agadir. A défaut d'argent, les responsables n'ont pas pu l'accueillir. Elle est restée de 4h du matin à 16h jetée par terre en train d'attendre les soins. Mais en vain. Il fallait attendre l'intervention des membres de l'association de l'action féminine, section d'Agadir, pour être évacuée vers un médecin privé. “Elle était dans un état inimaginable“, affirme Saâdia Bahi, secrétaire générale de la section d'Agadir qui s'est constituée partie civile dans l'affaire. “La fille ne parle plus et se contente de vomir à chaque fois“, précise-t-elle. L'enquête policière a permis l'arrestation de 14 des 20 violeurs. Ils ont comparu lors d'une première audience devant la chambre criminelle près la cour d'appel d'Agadir. A. T y a assistée également. Mais elle n'a pas pu supporter de voir ses violeurs et elle a gardé le mutisme durant toute l'audience. Raison pour laquelle la cour a reporté l'examen du dossier jusqu'au mardi 31 août prochain.