L'essence supplantera-t-elle donc le diesel ? Même s'il est très ambitieux de répondre par l'affirmative pour l'instant, il semblerait que les velléités de changements commencent à s'opérer auprès des consommateurs à ce niveau. Et pour cause, face à l'installation du trend quasi baissier des prix à la pompe (dont les analystes prévoient encore le maintien sur les mois à venir), les mentalités et les choix semblent évoluer chez les acheteurs de nouvelles automobiles. «De plus en plus de futurs acquéreurs de véhicules viennent s'informer sur les prix de voitures essence et démontrent un intérêt croissant pour celles-ci ! Cela ne s'était plus vu depuis de nombreuses années!», nous informe ce concessionnaire de Casablanca. Mais qu'est-ce qui pourrait donc expliquer davantage cette frénésie encore tâtonnante pour les voitures essence? Décompensation et chute des prix… les causes directes Il faut dire que même avec la décompensation totale du gasoil, le sans plomb dont le prix a été rogné par la baisse du prix du baril de Brent, devient légèrement plus concurrentiel bien qu'il présente toujours un écart important face au mazout. N'empêche, l'essence a aussi des avantages. Il reste le champion toutes catégories en termes d'agrément de conduite, de performances, de prix à l'assurance, des tarifs à la vignette et pour ses faibles coûts d'entretien. Une donne qui commence à se répercuter, bien qu'encore timidement, sur les ventes de véhicules neufs essence. «Il y a quelques mois, les importateurs, tous modèles confondus, misaient sur le tout-diesel, en suspendant les importations de voitures à motorisation essence. Aujourd'hui, ils adaptent de plus en plus leurs offres en laissant ouvertes les commandes potentielles pour l'essence». La dernière révision à la baisse des prix des combustibles implique donc de sensibles mutations sur le marché automobile en incitant les plus indécis. L'Europe est en train de se mettre à l'essence… et le Maroc? L'Europe est peu à peu en train de bannir le diesel de son parc automobile, plus polluant et présentant de nombreux impacts sur la santé publique comme le prouvent les nombreuses études organisées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Certains pays d'Europe sont déjà très avancés en la matière. La France, encore à la traîne, est en train également de s'aligner et de nouvelles taxes contre le diesel sont actuellement à l'étude. Le parc automobile marocain, ainsi que les homologations nationales de véhicules, sont calqués sur le modèle européen. Si l'Europe se met donc à l'essence, il y a de grandes chances que le Maroc suive également la tendance. Les critères d'achat risquent donc de changer progressivement dans les années qui viennent, surtout pour ceux qui roulent moins de 20 km par jour. L'essence jouit toujours d'une bonne image… Cette nouvelle configuration du marché devra indéniablement rééquilibrer la part des importations de véhicules (essence) et ceux en circulation dans un marché où le diesel reste largement dominant (74% de l'ensemble du parc automobile national). A côté de la baisse conséquente des prix de à la pompe, l'essence jouit également d'une certaine image de «propreté». Moins «lourde», moins bruyante, plus facile à entretenir et plus performante que le diesel, elle devrait facilement voir sa cote remonter, y compris auprès des véhicules d'occasion. En neuf, il faudra néanmoins s'attendre, dans un premier temps, à ce que ce soient surtout les segments des microcitadines et petites citadines qui les plus sollicités en motorisations essence, car «le consommateur marocain reste quand même très prudent», semblent nous affirmer en chœur les dirigeants de concessions. L'arrivée prochaine du PPM, qui représente une essence plus propre et aux standards européens, devra également faire pencher la balance du côté de ce carburant. En tout cas, les prochains mois nous en diront plus sur les comportements du marché…