La station industrielle d'épuration des eaux usées de Tanger pointe enfin son bout du nez à la lumière du jour. Après moult tractations et études, le site ci-devant la casbah a été retenu et préféré à deux autres dont les inconvénients naturels ne militent pas pour la réalisation d'un tel ouvrage. La station industrielle d'épuration des eaux usées de Tanger pointe enfin son bout du nez à la lumière du jour. Après moult tractations et études, le site ci-devant la casbah a été retenu et préféré à deux autres dont les inconvénients naturels ne militent pas pour la réalisation d'un tel ouvrage. Pour les riverains et les baigneurs qui fréquentent la plage de la ville, habitués à un cocktail d'odeurs nauséabondes provenant du port, cette naissance annonce la fin d'un calvaire. Les industriels, ceux des anciennes zones et ceux de la nouvelle zone franche, caressent là enfin une solution au problème des déchets liquides. Les amis de l'environnement exultent, déjà assurés que dans le nouvel emplacement, il n'y aura aucune nuisance. Aucune pollution. Ni sonore ni olfactive. Et surtout pas le spectacle des murs sans fin, des tours de blocs sans âme et des fumées noires à l'assaut de l'ozone. Le site ne sera pas une source de pollution, mais un outil pour lutter contre ce problème. Dans quelques années, à la livraison des travaux, Tanger n'aura plus à rougir de ses eaux usées qui finissent souvent leur course en mer, en traversant au passage une bonne partie de la ville, empestant air et atmosphère.. Pourtant, dans ce climat de satisfecit général, des voix s'élèvent, des protestataires, agitant la bannière de l'esthétisme...L'implantation du site en question, devant la casbah, fait craindre en effet que tout un pan du Tanger mythique ne se retrouve derrière les murs, hors de vue. Les centaines de mètres carrés de blocs de béton priveront de nombreux visiteurs qui arrivent par mer, du plaisir de voir le vieux panorama de loin. De telles considérations, élevées en débat, même en pleine saison des vacances, font boule de neige. Dans la ville de Matisse, fleurissent de petits cercles artistico-littéraires et des artistes en villégiature qui suivent ce projet depuis la casbah. Ces interrogations d'ordre esthétique sont certainement légitimes. Aussi minimalistes soient-elles, ces questions, peut-être trop bourgeoises au goût de certains, expriment le point de vue d'une frange de la population et doivent, par conséquent, être prises en compte. Ces tangérois, très attachés à l'héritage de la vieille ville, jaloux de tout ajout susceptible de faire ombrage au mythe de Tanger, ne veulent pas tant que le site soit déplacé, que des dispositions quant à la préservation de la dimension environnementale et esthétique soient prises. Aussi, les assurances du maire de la ville qui a promis, espaces verts et mesures de précaution de tous genres, viennent à point nommé pour prémunir la capitale du détroit contre un débat, somme toute, évitable. Concilier l'utile à l'esthétique reste, aux yeux de la municipalité, une nécessité qui a passé le cap du slogan puisqu'elle figure bel et bien dans les plans du prometteur.