Ce sont 70% des 3.000 adultes sondés, dans le cadre de l'enquête menée autour de l'inclusion et la capacité financières par Bank Al-Maghrib (BAM) en partenariat avec la Banque mondiale, qui se sont déclarés satisfaits des produits d'épargne et de crédit informels (groupes d'entraide), des produits de transfert d'argent et de change et du microcrédit. L'étude, la première en son genre tant au Maroc que dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), a fait également ressortir, vendredi à Rabat, que 33% d'adultes, en particulier ceux exclus du système financier, recourent à des méthodes informelles pour épargner et emprunter (10% des sondés recourent aux usuriers, la famille ou les amis). Cependant, 49% de ces adultes, âgés de plus de 18 ans, n'épargnent pas et 72% n'empruntent pas. En contrepartie, 53% des sondés affirment avoir utilisé des produits bancaires. Les comptes de dépôt étant le produit le plus couramment utilisé à raison de 28%. Mais, chez les femmes, cette valeur descend à 21 et à 10% pour les ruraux et ceux ayant un revenu très faible. Un peu plus de un sur dix adultes déclare avoir contracté un crédit auprès d'une banque ou d'une société de crédit à la consommation. La même proportion déclare utiliser les services de transfert d'argent et moins de 3% déclare avoir un crédit hypothécaire ou un produit de retraite. De surcroît, à peu près 41% des adultes utilisent un produit ou un service financier formel, soit un niveau supérieur à la moyenne observée dans les pays de la zone MENA, le taux étant de 18%. Ce résultat couvre néanmoins de fortes disparités entre les différents segments de la population. Les hommes utilisent davantage les produits financiers que les femmes, respectivement 50 et 31%, et 61% des adultes ayant des revenus supérieurs sont financièrement inclus contre seulement 25% de ceux ayant un revenu très faible. Par ailleurs, les citadins sont plus à même d'être inclus financièrement (53%) que les ruraux (19%). Pour leur part, les institutions de microfinance (IMF) touchent près de 5% de la population adulte. Néanmoins, 68% des sondés déclarent être familiers avec les services offerts par ces établissements. Seulement 1% des adultes ayant un prêt en cours auprès d'une IMF dispose également d'un crédit auprès d'une banque, et seulement 8% de ces adultes ont un compte d'épargne ou de dépôt auprès d'une banque. Aussi, l'assurance est relativement connue au Maroc (24%) en raison principalement des assurances obligatoires. La grande majorité des détenteurs d'assurance, soit plus de 90%, déclare utiliser une forme d'assurance obligatoire. 2% de la population adulte déclare souscrire à d'autres types d'assurance (assurance santé ou assurance-vie). En ce qui concerne la capacité financière, 10% seulement des sondés connaissent l'ensemble des fournisseurs de produits financiers contre 54% qui en connaissent 4 ou moins et 14% qui en connaissent 2 ou moins. Les principaux produits financiers connus sont ceux offerts par les banques (90 %), les groupes d'entraide informels (89%), les IMF (68 %), les opérateurs de transfert d'argent (65 %) et les compagnies d'assurance (45 %). Au moment où seulement 20% des ruraux sont familiers avec les services offerts par les compagnies d'assurance, bien que ces produits soient utiles pour lisser les fluctuations des revenus saisonniers de la plupart d'entre eux. Quelques recommandations Etant donné que le niveau de connaissance des ménages des concepts financiers de base constitue un véritable défi au Maroc, la Banque mondiale recommande de renforcer la protection des droits des créanciers, notamment en matière de recours, et améliorer l'environnement de l'information pour soutenir l'inclusion financière durable. De leur côté, les interventions directes de l'Etat sur le crédit sont généralement infructueuses. L'expérience a montré que la subvention des crédits peut conduire au surendettement et à l'instabilité financière. Ceci doit être pris en considération au vu de la nouvelle stratégie nationale pour la microfinance qui vise à atteindre 3,2 millions de clients d'ici 2020. La Banque mondiale qui recommande également de sensibiliser à la capacité financière, incite à continuer à encourager la concurrence entre les prestataires de services financiers et la levée des barrières à l'entrée pour les nouveaux types d'institutions financières, de façon à stimuler le développement de nouveaux produits financiers innovants et réduire leur coût. 80% des personnes interrogées n'ont pas besoin de banques islamiques C'est l'un des chiffres surprenants de l'enquête dont les résultats ont été présentés par Siegfried Zottel, économiste de la Banque mondiale. Outre ces 80% qui n'ont pas besoin des produits de la finance islamique, 70% n'en sont même pas informés. Par contre, 18% de l'échantillon affirment utiliser un produit financier conforme à la charia. La mourabaha étant le produit le plus souvent cité. Les doutes quant à l'authenticité de ces produits ne semblent pas être un obstacle majeur à leur utilisation avec seulement 10% des non-utilisateurs citant cette raison.