La grève annoncée par la CDT a tourné à l'échec. Fin d'une époque et requiem pour une direction syndicale. Pour la première fois depuis sa création, la grève générale annoncée par la Confédération démocratique du travail, s'est déroulée dans le calme pour la simple raison qu'elle n'a pu été suivie, par les travailleurs, dans plusieurs secteurs. Dans des villes telles Chaouen, Kasba Tadla, Beni Mellal, Merrakech et Oujda, le taux de participation des salariés à la grève était faible et ces villes ne donnaient guère l'impression de vivre une atmosphère de tension. Dans des secteurs stratégiques pour la centrale de Mohamed Noubir Amaoui, comme les banques, la santé publique, les PTT et les chemins de fer, l'appel au débrayage était peu suivi. Hormis le secteur des collectivités locales qui a connu, à l'exception de la ville de Fès, et du secteur l'enseignement primaire, la grève n'a pas abouti aux objectifs escomptés et pour cause ! A lui seul, le parti du Congrès national ittihadi n'est pas à même de mobiliser les larges masses des travailleurs. D'une part, il est nouvellement créé et d'autre part, il inscrit toute sa démarche dans une optique totalement hostile à l'USFP. Or, pour bon nombre de syndicalistes, cette querelle partisane ne sert ni la centrale ni les formations qui la soutiennent. A cette faiblesse s'ajoute le retrait de l'Union générale des travailleurs marocains ( UGTM) et de l'Union marocaine du travail ( UMT) du mouvement de grève ; et ce, même si certains membres de cette dernière centrale ont jugé opportun de rejoindre le mouvement de débrayage pour gêner les pouvoirs publics, comme ce fut le cas à Rabat. Ceci étant, pour bon nombre de membres de la CDT, l'initiative du Bureau exécutive constitue un échec et prélude à une fin probablement tragique de leur syndicat. Mais tel n'est pas l'avis de M. Amaoui qui continue de brandir des slogans anti-gouvernementaux, comme ce fut le cas lors du rassemblement qu'il a présidé au siège régional de la centrale à Casablanca. Une épée probablement dans l'eau qui atteste de la fin d'une période. La période des grèves suivies par les universitaires, les étudiants, les commerçants, qui font peur et tournent à l'émeute.