France. A quelques jours du premier tour du scrutin législatif, l'Union pour la majorité présidentielle a décidé d'ignorer les appels au débat de la gauche pour mener une campagne tranquille, sereine. Presque solitaire. Une large majorité des Français (54 %) souhaite la victoire de la droite aux élections législatives selon le dernier sondage IFOP-Express publié mardi. Confortée par une série d'enquêtes qui lui donne l'avantage, la majorité présidentielle se permet donc d'afficher aujourd'hui une certaine assurance et sérénité. Les législatives «se présentent pour nous de manière plutôt favorable», a ainsi estimé Jean-Pierre Raffarin dans les colonnes de La Montagne mardi, jour où il s'est rendu dans le Puy-de-Dôme. Il y a apporté son soutien aux candidats ralliés à l'Union pour la majorité présidentielle, et en particulier Louis Giscard d'Estaing, fils de l'ex-chef d'Etat, dans la 3ème circonscription (Clermont-Montagne). «Je pense que les Français devraient être cohérents : ils ont donné une très large victoire à Jacques Chirac, ils devraient lui donner normalement les moyens d'accomplir sa politique», a pour sa part déclaré Patrick Devedjian, ministre délégué aux Libertés locales. «Les gens sont heureux. Ils font confiance, je le sens, au gouvernement de M. Raffarin, qui a une bonne image dans la population», a estimé de son côté Bernadette Chirac, en campagne mardi dans le 17ème arrondissement de Paris pour le compte de Patrick Stefanini (UMP-RPR). Côté UDF, le message est le même malgré le refus de son président François Bayrou d'adhérer à l'UMP. «L'urgence de l'urgence, la priorité des priorités, c'est qu'on ne reparte pas pour cinq ans dans les cinq années qu'on vient de vivre avec cette manière d'épuiser la France que la cohabitation impose», a-t-il déclaré lundi soir. L'UDF qui compte 67 députés dans l'Assemblée sortante, risque cependant de voir son nombre de députés fondre puisque seule une vingtaine est restée fidèle à François Bayrou, candidat à Pau (Pyrénées-Atlantiques). Cet optimisme et cette dénonciation tous azimuts du système de cohabitation ont par ailleurs eu pour effet d'irriter la gauche. Le Parti socialiste a même appelé mardi les médias à sanctionner le refus du gouvernement Raffarin de débattre en refusant de «relayer les annonces gouvernementales les plus tapageuses». Selon l'ancienne ministre déléguée à la Famille Ségolène Royal, «en refusant de débattre, le gouvernement et M. Raffarin mettent les médias en rupture avec leur déontologie, avec leur éthique, car les télévisions, les radios et la presse écrite sont mis dans l'impossibilité de présenter des opinions contradictoires et équilibrées». Et d'ajouter que cette attitude est «un déni de démocratie». L'ex-ministre de l'Education nationale, Jack Lang a pour sa part prédit que «si la droite l'emportait», ce serait «l'explosion sociale». «Le problème principal est que derrière cette apparence bonhomme de M. Raffarin, il y a un parti dominateur et sectaire qui veut tout régenter, tout dominer, verrouiller la justice, les médias, la société, les assemblées», a-t-il prévenu lundi soir. Accusée de préparer une «politique des privilèges», la droite n'en continue pas moins son petit bonhomme de chemin sans s'inquiéter des attaques de la gauche, ni même des triangulaires difficiles qui l'attendent dans certaines circonscriptions, notamment face au Front national.