Cela fait six mois que les employés de la société nationale du développement de l'élevage (SNDE) n'ont pas perçu leurs salaires. Responsables désignés : les ministères de l'Agriculture et des Finances. La souffrance des salariés de la Société nationale du développement de l'élevage (SNDE) est loin d'être finie. Et pour cause, pas moins de 140 employés, parmi lesquels des ingénieurs, des cadres et des ouvriers n'ont pas touché leurs salaires depuis le début de l'année 2004. Bientôt 6 mois que ces employés et leurs familles vivotent. Tout a commencé en septembre 2002, date à laquelle le ministère de l'Agriculture, autorité de tutelle de la SNDE, a décidé de liquider cette société, qui sombrait, rappelons-le dans une sérieuse crise financière. Après plusieurs mois de flottement, dû aux aléas de la bureaucratie et aux obstacles juridico-financiers du ministère des Finances, l'administration de la SNDE, en sa qualité de représentant du gouvernement, a signé une convention collective avec les syndicats représentants les salariés. Il s'agit en fait d'un véritable plan social déterminant les indemnités à verser aux salariés en guise de dédommagements et d'indemnités de licenciement pour des raisons économiques. "Ce protocole d'accord que nous avons signé le 25 décembre 2003 est identique à celui conclu avec les employés de la Sogeta et de la Sodea", précise Abderrazak Houssaini, ingénieur agronome à la SNDE et membre du syndicat démocratique de l'agriculture (SDA-FDT). Le montant total des indemnités à verser aux employés, dans le cadre du plan social, s'élève à 24 millions de DH. Une somme dérisoire comparée à celle prévue pour la Sodea et la Sogeta. En tout cas, pour éviter que les indemnités versées aux employés ne soient assujetties à l'IGR, ces derniers ont procédé à une "exequatur" judiciaire. Le 31 décembre 2003, la convention collective était ainsi validée par la justice. S'en est suivie une série d'obstacles érigés par le ministère des Finances. Après avoir exigé une signature du ministre de l'Agriculture, puis une autre du Premier ministre, la frilosité des cadres du département de Fathallah Oualalou est allé jusqu'à réclamer la réunion extraordinaire de l'assemblée générale de la SNDE. En effet, comme toute procédure de liquidation d'un établissement public, il est procédé à l'augmentation du capital, et ce pour des raisons juridiques et fiscale que seuls un cadre chevronné des Finances est capable de justifier. En tout cas, pour la Sodea et la Sogeta, le plan social a été exécuté sans pour autant que l'augmentation du capital soit effective. "C'est une mesure interne qui ne devrait nullement bloquer l'exécution du plan social", s'insurge Houssaini. Et pour cause, "le même ministère des Finances vient de débloquer la somme de 435 millions de DH pour la Sodea et la Sogeta", poursuit-il. En outre, "pourquoi les employés devraient payer le prix de la lenteur administrative, puisque l'assemblée générale de la SNDE est composée des représentants des deux ministères, l'Agriculture et les Finances?", se demande le membre du syndicat démocratique de l'agriculture (SDA-FDT). Les employés de la SNDE sont déroutés. Les ouvriers de plusieurs filiales ont commencé à manifester leur colère. Ils ont carrément séquestré des animaux (bovins et ovins). "Le problème est que ces animaux, destinés à l'abattage ou à d'autres sociétés d'élevage, sans aujourd'hui sans aucun entretien", affirme Houssaini. Et d'ajouter: "On risque d'avoir une véritable catastrophe pour le cheptel et pour les noyaux génétiques". Les employés de la SNDE craignent qu'à cause des congés de fin d'année, leur dossier ne soit jeté aux calendes grecques. Encore plus de souffrance à l'horizon. D'ailleurs, la SNDE dispose d'environ 10.000 hectares de terrains agricoles, inexploités depuis bientôt quatre ans. Il aurait été judicieux de louer ces terres, ce qui aurait permis de couvrir une très grande partie des 24 millions de DH aujourd'hui nécessaires pour payer les employés mis à la porte.