Les cadres, agents et ouvriers de la Société nationale du Développement de l'Elevage (SNDE) crient à l'injustice. Voici pourquoi. Les employés de la Société nationale du Développement de l'Elevage (SNDE), sous tutelle du ministère de l'Agriculture, sombrent, toujours, dans une misère totale. Depuis plus d'un an, voire trois ans pour certains, ils n'ont pas touché leur salaire. Ce qui a provoqué, on n'en doute pas, des drames familiaux. En fait, les 150 cadres, agents et ouvriers de cet établissement public et de ses cinq filiales ont été victimes d'une véritable arnaque gouvernementale. Et ce n'est là qu'un euphémisme. La SNDE, au même titre que la Sodea et la Sogeta, a été liquidée à la suite d'une grave crise financière. S'en est suivi la signature en décembre 2003, d'un accord social, identique à celui signé par la Sodea-Sogeta, entre la direction de la Société (au nom du gouvernement) et les centrales syndicales (UMT-CDT et FDT). Tout a été discuté à l'amiable. Le tout, certifié par une décision de justice. Le patrimoine de la SNDE, qui s'élève à plus de 9.000 hectares, a été même inclut dans les projets de partenariat public-privé initié par le ministère de l'Agriculture. Jusque-là, donc, tout baigne. Mais les choses ont commencé à se compliquer par la suite. En novembre dernier, les employés se sont présentés pour encaisser leurs chèques. "Grande fut leur surprise en découvrant que les indemnités de départ ne correspondent absolument pas aux dispositions de l'accord social", assure Mohamed Lazâar, ingénieur et cadre de la SNDE. A titre d'exemple, les salaires de 2004 n'ont pas été comptabilisés (ce qui n'a pas été le cas à la Sodea-Sogeta). "L'article 6 de l'accord social entre la SNDE et les syndicats stipule clairement que le départ sera effectif, c'est-à-dire qu'il entrera en vigueur dès la perception de l'indemnité de départ", poursuit Lazâar. Aussi, en violation flagrante de l'accord social, la SNDE a refusé de comptabiliser les avancements, les promotions internes et autres congés non consommés, dans le calcul des indemnités de départ. La liste des infractions aux dispositions de l'accord social est longue. En clair, le gouvernement a failli à ses engagements. Peu importe qui est effectivement derrière à ce qui ressemble à une escroquerie, l'essentiel c'est que le gouvernement et plus particulièrement les ministères de l'Agriculture et des Finances (la direction du budget est au courant de l'affaire) sont comptables des actes de la cellule de liquidation, composée du directeur général de la Société et d'une poignée d'autres employés (qui, eux, perçoivent leurs salaires le plus régulièrement du monde). Contacté par ALM, le ministre Mohand Laenser, dont la bonne foi n'est pas mise en cause par les employés, a assuré que "le dossier de la SNDE est, en principe, réglé". En fait, ce dossier se complique davantage. Le ministre a reçu trois lettres explicatives à ce sujet. Des missives dont il ignore même l'existence. Pour lui, "ce problème n'est finalement que technique, et il y a, à cet effet, des directions au ministère de l'Agriculture qui s'en chargeront". Le calvaire dont souffrent, depuis plusieurs années, les employés de la SNDE et leurs familles est une question subsidiaire. Comme disait Oscar Wilde, "la démocratie c'est l'oppression du peuple par le peuple et pour le peuple". Car l'arnaque est doublée d'un chantage honteux. Profitant du besoin des employés, la SNDE les oblige à signer un quitus qui leur interdit de réclamer quoi que ce soit à l'avenir. Certains ont fini par signer ce document. Mais ils s'apprêtent, quand même, à poursuivre la SNDE en justice. En fait, "rien n'empêche que l'affaire SNDE se reproduise pour d'autres fonctionnaires", explique Lazâar. Comment ces derniers peuvent-ils désormais faire confiance à l'Etat ? Il pense que l'opération des départs volontaires lancée par le département de Mohamed Boussaïd risque d'être un échec à cause du non-respect du gouvernement de ses engagements.