La commission européenne a proposé mardi un plan d'urgence pour reconstituer les stocks de poissons quasiment épuisés. Vives contestations de certains pays… Ce plan d'urgence passe par le désarmement d'un dixième des navires et l'arrêt des aides à la modernisation. Cette réforme de la Politique commune de la pêche (PCP), qui est déjà vivement contestée par les pays dotés d'une flotte importante et par plusieurs commissaires européens, est jugée indispensable pour assurer la survie à terme du secteur. « L'avenir est sombre si ces propositions ne sont pas adoptées maintenant», a déclaré le commissaire européen chargé du dossier, Franz Fischler. « Si nous continuons ainsi, les pêcheurs et les poissons vont disparaître». Pour l'Exécutif européen, tous les scientifiques font le même diagnostic sur la gravité de la situation. Outre, le financement des mesures de reconversion sociale des pêcheurs, d'autres mesures sont également proposées. On y trouve de nouvelles normes techniques, comme des mailles plus larges, afin d'empêcher la pêche de « juvéniles», et des mesures de protection des dauphins et des requins. Le contrôle de la pêche illégale sera également renforcé. Les quotas annuels de capture seraient remplacés par des quotas pluriannuels afin de piloter plus finement la PCP. Ces propositions risquent de se heurter à forte opposition, les « amis de la pêche », un groupement de pays comprenant la France, l'Italie, l'Espagne, le Portugal et l'Irlande ayant déjà fait connaître leur mécontentement par rapport aux projets. Lundi, plusieurs ministres de la Pêche des Quinze se sont vivement opposés à ces propositions avant même leur dépôt. « Cela va empêcher la modernisation de la flotte portugaise », a déclaré le ministre portugais, Armando Sevinate Pinto, qui a menacé d'y opposer son veto. Le nouveau ministre français, Hervé Gaymard, a abondé dans le même sens en mettant en doute la réalité de l'épuisement des stocks, ajoutant que les pêcheurs lui avaient dit qu'elle était contestée par certains scientifiques. « ça ne nous va pas du tout », a-t-il expliqué en soulignant que son collègue espagnol était exactement sur la même longueur d'ondes.