Thami Khiary, secrétaire général du FFD, défend corps et âme le député de son parti qui fait l'objet d'une demande de levée d'immunité parlementaire. Il explique que ce n'est pas un député FFD qui est poursuivi, mais son parti. Thami Khiary accuse la CIP d'être un organe de règlements de comptes. ALM : Comment réagissez-vous à la demande de levée de l'immunité parlementaire enregistrée contre le député FFD Ahmed El Bouhali ? Thami Khiari : Je ne sais pas ce qu'on lui reproche et suis dans l'incapacité de comprendre le pourquoi de cet acharnement contre un député FFD. Ce député n'a pas encore été entendu par un juge. Personne ne sait quels sont les chefs d'accusation retenus contre lui. Son dossier dépendait de la Cour spéciale de justice. Après sa dissolution, il été déféré devant la Cour d'appel de Marrakech Le député FFD est accusé de malversations en sa qualité de président du conseil communal de Kalaât Sraghna. C'est ce qu'on répète par-ci par-là, mais je demande à voir des preuves pour le croire. Je ne doute pas de l'honnêteté d'El Bouhali. Il mène un train de vie aux antipodes de ceux qui sont familiers des malversations. Et si j'avais le moindre doute sur son intégrité, j'aurais pris mes responsabilités. Comment expliquez-vous que la commission de l'immunité parlementaire s'apprêterait à lever l'immunité sur ce député ? Je n'ai pas d'explication, mais je me pose des questions. Je pense que ce n'est pas M. El Bouhali qui est visé, mais son parti. Plusieurs signes me portent à croire qu'une campagne est conduite contre notre parti. On cherche à salir la réputation du FFD. Pourquoi voudrait-on noircir la réputation du FFD ? Je l'ignore. Peut-être est-ce nos récentes critiques contre le gouvernement ? Peut-être est-ce un règlement de comptes ? Je ne sais pas. Ce dont je suis quasiment sûr en revanche, c'est qu'une commission s'est constituée à seule fin de priver un député FFD de son immunité. Je ne sais même pas ce qui s'y passe, parce que le FFD n'est pas représenté. Il est vrai que nous ne constituons pas un groupe parlementaire, mais la moindre des civilités entre représentants du peuple, aurait été de nous convier en tant qu'observateurs pour voir ce qui s'y dit. Indépendamment du député FFD, que pensez de la commission de l'immunité parlementaire ? C'est une excellente chose, et je me réjouis beaucoup de sa constitution. Il faut moraliser la vie politique et cette commission a les compétences pour le faire. Comme elle a pour mission d'expliquer aux députés de la Chambre des représentants qu'aucun d'entre eux n'est au-dessus de la loi. Mais pour accomplir cette tâche, il faut qu'elle le fasse dans l'objectivité et la sérénité. Deux conditions qui lui font défaut jusque-là. Que voulez-vous dire par là ? Ecoutez, dans toute cette affaire, il y a anguille sous roche. Pourquoi tant de précipitation ? Cette commission a été formée la veille de la promulgation d'un nouveau texte sur les députés. Ce nouveau texte garantit plus de droits aux parlementaires. Pourquoi n'a-t-on pas attendu son entrée en vigueur pour statuer sur le député du FFD. Il n'est pas le seul concerné par la levée de l'immunité… Peu importe ! Parce qu'il y a beaucoup à dire sur la gestion des conseils communaux. Et si cette commission se penche sérieusement sur toutes les communes du Royaume, ça va être le massacre des députés ! Je ne veux pas parler de ce sujet. Ce qui m'interpelle en revanche, c'est qu'on retienne des chefs d'accusation contre un député qui n'a pas encore été convoqué au tribunal. Est-ce normal que des députés s'empressent de rejeter l'un des leurs avant même que la levée d'immunité ne soit formulée par la justice ?