Si la femme enceinte vit son changement spécifiquement aux conditions propres de son environnement de travail, le Code du travail est clair à ce niveau. Son employeur se doit de respecter cette phase sans sourciller le moindre du monde ! Les avantages à ce niveau sont clairement stipulés: «la salariée en état de grossesse attesté par certificat médical dispose d'un congé de maternité de quatorze semaines, sauf stipulations plus favorables dans le contrat de travail, la convention collective de travail ou le règlement intérieur». De son côté, l'employeur devra veiller à alléger sa charge de travail après la phase de l'accouchement pour qu'elle puisse reprendre son travail sans affecter sa santé. Reste que la réalité est souvent différente. Au contraire, le retour de la jeune maman peut s'avérer très difficile. Combien de femmes, en effet, se sont trouvées affectées à d'autres fonctions à leur retour ? L'employeur invoquant justement cet allégement de charges de travail… Le cas de Soumia E., cadre bancaire, est poignant. Son supérieur hiérarchique lui ayant déjà signifié qu'elle n'était pas forcément désirable à l'agence, elle trouva tout bonnement son bureau occupé à son retour. Le remplaçant, qui était juste censé la remplacer pendant la période d'accouchement, s'était avéré très efficace et a vite fait mainmise sur le poste de chargé de portefeuille qu'elle assumait depuis des années. A ce stade de rupture, la hiérarchie supérieure doit trancher. L'affectation de Soumia à une autre agence était la seule et unique solution. Aubaine ou heureuse circonstance, la jeune maman fut promue, après quelques années, directrice d'agence. De quoi faire taire toutes les rumeurs autour de sa rigueur et de son incompétence! Toujours est-il que les cas de reprise demeurent à analyser au cas par cas… La loi protège certes mais faut-il que le législateur veille à son application. Combien d'employeurs, angoissés pour la plupart, mettent la pression sur la salariée qui vient d'accoucher pour reprendre ses fonctions ? Elle, de son côté, devra peser le pour et le contre avant de décider d'accepter de rentrer dans un processus non ordinaire ou de se contenter de vivre ces moments comme elle se doit. Plusieurs critères rentrent en jeu à ce niveau pour ne citer que le statut d'abord de la salariée au sein de l'entreprise, de sa conscience professionnelle, de sa motivation, de son sens de sacrifice ou d'engagement vis-à-vis de la structure. En clair, tout dépendra de comment son supérieur hiérarchique lui présentera les choses. La valoriser en la rendant indispensable dans ses missions devra être bien interprétée par la jeune maman. Son retour est une chose positive pour toute la structure. Le vivre comme une menace de perdre ses positions d'avant l'accouchement serait le signe annonciateur d'une rupture pure et simple… Les exemples abondent. Et la femme devra assurer ses arrières pour ne pas en pâtir si c'est le cas… Le législateur a prévu, d'ailleurs, une possibilité de suspension automatique du contrat de travail par la nouvelle maman par simple avis à l'employeur dans les 15 jours pour une période de 90 jours après le congé de maternité. Ceci étant lié à l'éducation de l'enfant.