La violence au sein de la famille représente la forme de violence la plus fréquente, révèle une étude sociologique sur "Les violences conjugales au Maroc". La sociologue marocaine Mme Latefa Jouhir a présenté, mardi à Casablanca, une étude sociologique sur "Les violences conjugales au Maroc". Intervenant au cours d'une conférence de presse organisée par l'Association Marocaine de lutte contre la Violence à l'égard des Femmes, Mme Jouhir a souligné que cette étude s'inscrit dans le cadre des efforts déployés au Maroc aussi bien sur le plan des institutions publiques qu'au niveau de la société civile pour mesurer l'ampleur du phénomène de la violence à l'égard des femmes et des jeunes filles et pour briser le silence qui l'entoure et réduire le mutisme dans lequel sont enfermées les victimes. Cette étude s'est basée, a précisé Mme Jouhir, sur l'analyse du contenu de 500 dossiers de plaignantes ayant contacté le Centre d'Ecoute et d'Orientation Juridique et de Soutien Psychologique pour Femmes Victimes de violence à Casablanca, entre les années 2000 et 2002. Une vingtaine d'entretiens individuels approfondis ont été par la suite sélectionnés. Le choix de l'échantillon destiné à l'entretien s'est fondé sur trois critères: l'âge (de 20 à 60 ans), la situation familiale (femmes mariées, femmes divorcées et femmes en instance de divorce) et le niveau d'instruction, précisant à ce propos que cet échantillon comprenait des femmes non-scolarisées, d'autres ayant suivi des études primaires et secondaire, et d'autres encore avec un niveau d'études supérieures. Il ressort de cette étude, a fait savoir la sociologue, que la violence au sein de la famille représente la forme de violence la plus fréquente. Les atteintes directes au corps ou même à la vie des femmes représentent les formes de violence les plus citées par les plaignantes, les violences psychiques ne sont citées qu'en second lieu. Quant aux agressions psychologiques et morales, elles ne sont pas perçues et reconnues comme telles. D'autres formes de violence sont prises en compte dans cette étude, notamment les violences à caractère économique et sexuel, la violence verbale et la critique destructrice ainsi que l'abus de pouvoir et le manque de respect. Un des enseignements de cette étude, a fait remarquer la sociologue, a été de mettre en évidence l'ampleur du silence et de l'occultation des violences conjugales par la société marocaine, voire même par de nombreuses femmes parmi celles qui les subissent.