L'affaire Gespac met dans l'embarras les capital-risqueurs marocains. Ils seraient actuellement à hauteur de 100 % du capital. Les 120 millions de DH d'investissement sont compromis. Matis, EADS ou Airbus sont des solutions potentielles. Les difficultés se confirment pour Gespac Systèmes, concepteur mondial des cartes et systèmes électroniques. Le titre est suspendu de cotation, en France, en attendant la publication des comptes 2003. Selon La Tribune, le groupe de systèmes électroniques n'ayant pas réussi à mener à bien le plan de restructuration de sa filiale Gespac Industrie, basée à Vailhauquès, dans l'Hérault, a décidé de la placer en liquidation judiciaire. Cette situation met dans l'embarras les capital-risqueurs marocains ayant pris part à l'aventure. Les 120 millions de DH injectés dans l'affaire, si bien présentée et vendue par Frantz-Pierre Bridoux le PDG du groupe, sont compromis. Capital Invest (groupe BMCE), Accès Capital (Fonds Maroco - Canadien), Maroc Invest (Upline-Tuninvest), Moussahama (filiale BCP) et Dar Tawfir, l'entité en charge de la gestion des actifs de CFG Group sont dans une mauvaise passe. S'agit-il d'une arnaque bien organisée ? Ou alors, sommes-nous en présence d'une erreur de parcours, inhérente au métier du capital-risque ? Il est assurément encore tôt pour se prononcer. Les concernés essaient de sauver la mise. L'approche vise le contrôle de 100 % du capital de Gespac Maroc Usine Novatech, société holding des entités marocaines et françaises d'intégration du groupe Gespac. De source proche du dossier, l'affaire aurait été conclue. La seconde phase du plan de sauvetage, chercher un partenaire stratégique pour l'entreprise. Les noms de Matis, EADS ou encore Airbus circulent. Le sort d'autres implantations françaises de Gespac est lui aussi en suspens. La Tribune croit savoir que la direction du groupe envisage de céder l'usine de Le Crès, spécialisée dans le câblage aéronautique et aérospatiale. Airbus, un des principaux clients du site, et Latécoère pourraient être intéressés. Des membres du comité d'entreprise du site de Le Crès affirment même que c'est Airbus qui a payé les salaires des employés du site de Le Crès au mois d'avril et peut-être aussi les fournisseurs. Un fait, qui s'il est avéré, confirme les graves problèmes de trésorerie aujourd'hui rencontrés par Gespac. La cession du site de Le Crès aurait l'avantage d'apporter un peu d'argent frais au groupe qui croule sous les dettes (le ratio d'endettement sur fonds propres s'élevait à 85 % fin 2003). Elle pourrait également entretenir la spéculation sur l'avenir de Gespac, alors que le président du groupe n'excluait pas il y a quelques mois de prendre un peu de recul. Le savoir-faire technologique de Gespac, dans des domaines aussi pointus que l'aéronautique ou l'automobile, pourrait susciter des intérêts. Gespac se débat dans d'importantes difficultés. La situation financière est fragile. Le titre est suspendu depuis le 3 mai. Nous avions conseillé de vendre le titre début en octobre, après l'annonce de problèmes de trésorerie. Nous sommes maintenant à l'écart de la valeur. Selon certains analystes, les difficultés d'Alstom expliquent la baisse du Chiffre d'affaires. Gespac a enregistré une baisse annuelle de –19,5% et séquentielle de –20,3% de son CA à 15,5M euros. La baisse séquentielle de l'activité s'explique en grande partie par l'absence de facturations d'Alstom qui a arrêté pendant la période de régler ses fournisseurs. La situation de trésorerie également tendue de Gespac en attente des 8M euros de son augmentation de capital a bloqué certaines livraisons de ses fournisseurs. Ce qui a empêché Gespac de livrer certains produits. Le 4T03 devrait marquer un rebond de l'activité. L'opération marocaine n'a assurément pas suffi pour renforcer la situation financière de Gespac qui a un endettement net trop élevé estimé à 45M euros à fin 2003 au regard de ses fonds propres de 53M euros. Autant d'indicateurs, non pris en compte par les capital-risqueurs, encore moins par les banques d'affaires qui ont conseillé le montage, Capital Conseil et Crédit Du Maroc Capital (CDMC), conseillers de l'opération !