Récit. Cette semaine, deux insoumis de l'armée israélienne étaient en France pour expliquer leur refus «d'opprimer, d'expulser, d'affamer et d'humilier un peuple tout entier». Tamir Sorek et Noam Sheizaf sont deux des réservistes «refuznik» de l'armée israélienne. Le premier est un sergent de 33 ans, le second un lieutenant de 27 ans. Ces deux hommes militent au sein du mouvement «Le courage de refuser » formé en janvier par des officiers et militaires israéliens qui refusent de servir dans les territoires palestiniens. Pour ne plus participer à des opérations dont le but est «d'opprimer, d'expulser, d'affamer et d'humilier un peuple tout entier». Après s'être rendus aux Etats-Unis, les deux insoumis étaient cette semaine en France, à l'initiative du collectif SICO («Solidaires des Israéliens contre l'occupation»), créé il y a un an. Noam et Tamir ont soutenu qu'il était injuste de se battre «pour la paix des colonies » sur le dos des Palestiniens. Lors de leurs différentes conférences, ils ont expliqué leur refus de servir dans les territoires occupés. «Ce régime d'occupation ne fait qu'empirer. Depuis dix ans, nous avons vu la situation des Palestiniens se dégrader de façon régulière. Et tout cela pour protéger les colonies juives qui continuent de croître», a ainsi affirmé Noam Sheifaz mardi, lors d'une conférence au siège parisien de la Ligue des droits de l'homme. «Tant que cette occupation continue, Israël ne peut se considérer comme un Etat démocratique. Le régime d'occupation a une base raciste car Tsahal s'y trouve pour élargir les colonies juives sur le dos des Palestiniens» a ajouté son camarade. Le lendemain, devant quelque 300 personnes à la Bourse du travail de Saint-Denis (région parisienne), ils ont martelé le même message. «La vraie défense d'Israël aujourd'hui est le refus», selon Tamir Sorek, qui a répété qu'«aucun régime démocratique n'a le droit d'imposer un régime d'oppression à un autre peuple. Contrôler la vie de trois millions de personnes n'est ni réaliste ni pratique et surtout illégitime ». «J'appartiens à une génération qui a grandi avec l'occupation et qui a mûri avec le conflit », a raconté Noam, lui qui a pourtant servi pendant 9 ans dans l'armée avant de prendre conscience, un jour de 1996 à Hébron, « de la mission impossible consistant à séparer les colons juifs qui étaient restés dans la ville et ses résidents palestiniens ». Auparavant, a-t-il expliqué, « j'avais participé à toutes sortes d'opérations et je croyais que je servais les intérêts de mon pays». «Il y a un an, j'ai dit à mon officier que je ne pouvais pas continuer à servir». Un refus qui lui a notamment valu une condamnation «à 28 jours de prison militaire». «Je n'ai jamais fait de mal à un Palestinien, et je ne peux continuer de servir un système qui commet des actions inhumaines» a-t-il alors ajouté avant de revenir sur les actes kamikazes, des « actions terroristes» qui selon lui, ne changent rien à la donne politique. «Je crois que la raison derrière les actions terroristes réside dans l'occupation même ». «Le jour viendra, nous l'espérons, où nous verrons 5.000 soldats regarder Sharon droit dans les yeux et lui dire non, vous n'aurez pas de soldats pour cette guerre injuste, vous n'aurez pas de soldats pour l'occupation» a conclu son camarade. Leur groupe, «Le courage de refuser» comptait 52 officiers et soldats lors de la signature de l'appel le 25 janvier dernier. Ils sont aujourd'hui 462.