La visite de S.M le Roi Mohammed VI au Gabon a été l'occasion de constater que les relations économiques entre les pays africains doivent être excellentes, à l'image des rapports politiques. Dans le cadre de sa tournée africaine, SM Mohammed VI a fait escale, vendredi dernier, à Libreville, la capitale du Gabon. A cette occasion, la deuxième du genre en moins de deux ans, le président Haj Omar Bongo et la population gabonaise ont réservé un accueil chaleureux au Souverain. Aussi SM le Roi a été vivement salué par les représentants de la communauté marocaine établie au Gabon. Venus nombreux, ces Marocains ont souhaité à leur Roi la bienvenue en terre gabonaise et lui ont réitéré leur attachement au Trône alaouite. En fait, chaque étape du périple africain de SM Mohammed VI a une signification particulière. Au Gabon, c'est incontestablement la coopération Sud-Sud qui a été mise en exergue. Et pour cause, bon nombre de pays en voie de développement partagent d'excellentes relations politiques. Mais manifestement, ces relations ne se traduisent nullement dans le domaine économique et commercial. Longtemps relégué au second rôle, l'aspect des échanges commerciaux commence à bénéficier d'une attention particulière des chefs d'Etat. Les relations entre le Maroc et le Gabon illustrent parfaitement cette situation paradoxale. C'est ce qui fait dire à l'ambassadeur marocain à Libreville, Larbi Reffouh, que « les relations commerciales entre les deux pays demeurent en deçà des potentialités économiques et humaines que recèlent les deux pays et ne reflètent nullement l'excellence des relations bilatérales au niveau politique ». Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Les exportations marocaines vers le Gabon, constituées principalement de produits agroalimentaires et de certains produits manufacturés, n'ont enregistré qu'une valeur de 250 millions de dirhams en 2002. Larbi Reffouh a souligné que la rencontre entre les deux chefs d'Etat « permettra de dégager les voies et les moyens susceptibles, non seulement de renforcer la coopération bilatérale, mais également d'impulser une nouvelle dynamique à la coopération Sud-Sud ». Le diplomate marocain a également annoncé que les négociations relatives à la conclusion d'un accord de libre-échange entre le Maroc et le Gabon ont atteint «un stade avancé». En franchissant ce pas, les deux pays vont créer un antécédent. La finalisation d'un tel accord, le premier du genre entre le Maroc et un pays subsaharien, sera de nature à donner une nouvelle dynamique aux relations économiques aussi bien au niveau bilatéral mais surtout régional. A l'instar de l'accord d'Agadir, l'ALE entre le Maroc et le Gabon pourrait aisément prévoir une clause d'adhésion ouverte à tous les pays de la région. D'ailleurs, lors de la visite du Souverain au Gabon, un accord portant sur la promotion et la protection réciproque des investissements devait être signé. La complémentarité économique entre les deux pays ne fait pas de doute. Le Maroc peut intervenir dans le domaine des mines et de l'agriculture. Le Gabon bénéficie d'un revenu par habitant deux fois plus élevé que la plupart des pays d'Afrique subsaharienne (3.675 dollars par habitant). L'économie gabonaise a longtemps dépendu du bois et du manganèse jusqu'aux années 70, date de la découverte du pétrole au large des côtes gabonaises. Le secteur pétrolier occupe maintenant plus de 50% du PIB. Pour ce qui est de l'agriculture, à peu près 1% de la surface totale du territoire est consacré aux activités agricoles qui ne satisfont que 10 à 15% des besoins alimentaires. La forêt couvre plus de 80 % du territoire et la culture et le traitement du bois de construction (l'Okoume) représentent l'activité principale découlant de la forêt. Les richesses minières sont le diamant, l'or, le marbre. En fait, tout le monde sait que les autorités gouvernementales, seules, ne peuvent pas tirer vers le haut les échanges commerciaux. Les officiels tracent la ligne à suivre. Et le secteur privé doit prendre des initiatives. Il est donc appelé à s'impliquer davantage.