Les premiers résultats des examens du baccalauréat soulignent un taux d'échec élevé sans précédent. Les candidats recalés sont désemparés. Leurs parents aussi. Qui incrimine la nouvelle formule du bac, qui accuse le système éducatif national… Les premiers résultats des examens du baccalauréat soulignent un taux d'échec élevé sans précédent. Les candidats recalés sont désemparés. Leurs parents aussi. Qui incrimine la nouvelle formule du bac, qui accuse le système éducatif national… Le Bac sert-il encore à quelque chose ? La question mérite d'être posée dans une conjoncture marquée par la dévalorisation du système éducatif national et la panne des filières de formation universitaire. Au bout du processus, un niveau scolaire très bas qui qualifie moins les candidats à trouver des débouchés dans le monde du travail qu'à venir grossir les rangs de milliers de diplômés-chômeurs. L'inadéquation formation-emploi est souvent mise en avant par les milieux économiques pour expliquer le phénomène du chômage qui frappe une partie importante de la population active. La charte éducation-formation, mise en œuvre depuis quelques années, n'a pas encore donné ses fruits si tant elle pourrait réparer les dysfonctionnements et les incohérences d'un système rongé par ses propres contradictions. En fait, il est difficile de rattraper en peu de temps un déficit chronique accumulé depuis plusieurs décennies à cause notamment de la manière dont la politique d'arabisation de l'enseignement a été introduite au début des années 80. La crise du secteur date d'ailleurs de cette époque-là. Des générations d'élèves ont été dès lors sacrifiées et continuent à l'être sans que les responsables osent revenir sur une “réforme“ qui a montré clairement ses limites. Le délabrement de l'éducation nationale s'est accompagné généralement d'une détérioration de la situation des enseignants et de leur démobilisation. On ne peut pas parler de l'un sans évoquer l'autre. En attendant un renouveau éducatif que tout le monde appelle de ses vœux, les parents qui ont les moyens se détournent de l'école publique pour placer leur progéniture dans les écoles privées. L'engouement toujours grandissant dont font l'objet les centres de la Mission française au Maroc montre en creux la faillite de la politique d'enseignement dans ce pays. La demande dépassant très largement l'offre, il faut vraiment montrer patte blanche pour espérer dégotter un ticket dans cet îlot d'excellence où les places sont très chères. Cette réalité n'est pas près de changer. Bien au contraire. La base de développement et de progrès de toute nation réside dans son système éducatif et les perspectives d'avenir qu'il ouvre à ses enfants. Les pouvoirs publics sont appelés de ce fait à réfléchir sérieusement sur les conditions à réunir pour l'avènement d'un enseignement de qualité dont le pays n'a pas à rougir. Un enseignement qu'il importe d'orienter en fonction des besoins et des ambitions du pays dans différents domaines. La formation professionnelle, qui en est encore à ses débuts au Maroc, doit pouvoir bénéficier d'un surcroît d'attention pour pallier les insuffisances de la politique scolaire.