“La gestion des conséquences sociales de la réforme économique dans les pays partenaires méditerranéens”, tel a été le thème principal de la Conférence euro-méditerranéenne tenue en mai dernier à Marrakech. En mai dernier, Marrakech fut la ville hôte de la Conférence euro-méditerranéenne ayant pour thème principal «La gestion des conséquences sociales de la réforme économique dans les pays partenaires méditerranéens». Dans ce sillage, il a été opportun d'étudier comment les différents groupes de la société sont concernés par la réforme économique et d'examiner les stratégies pour limiter son coût social. Car, si elle est mise en œuvre efficacement, cette réforme permettrait de créer un environnement stimulant pour l'investissement et la création d'emplois, tout en dispensant de meilleures conditions de vie quotidienne (logements, santé, éducation, transports…) et en réduisant les inégalités sociales et économiques. Si ces critères constituent des indices de mesure de la bonne gouvernance, il n'en n'est pas moins vrai que leur réalisation tient à une action renforcée des acteurs de la société civile et à la promotion de leurs rapports avec leurs gouvernements respectifs. Ces derniers doivent augmenter les efforts pour renforcer et promouvoir l'implication totale des employeurs, des syndicats et d'autres organisations dans le processus de prise de décision économique et sociale dans les pays en question. Aussi, cette réforme sera soutenue par le programme MEDA et la politique européenne de voisinage. En effet, le partenariat euro-méditerranéen constitue un cadre adéquat de la réforme économique, d'autant plus que ses pays partenaires évoluent vers une zone de libre-échange (euro-méditerranéenne). Il faut dire aussi que les programmes MEDA régionaux constituent un canal pour encourager les pays partenaires méditerranéens à gérer les conséquences sociales de la réforme économique. A cet effet, les participants ont pris note des programmes MEDA régionaux portant sur «Le rôle de la femme dans la vie économique» et «L'éducation et formation pour l'emploi» et qui seront mis en place en 2004. Par ailleurs, la création d'un «environnement stimulant pour l'investissement», passe avant tout par des mesures favorisant l'efficacité et la concurrence dans un environnement ouvert. Ces mesures incluent la libéralisation des échanges commerciaux et l'accélération de l'ouverture du marché, le développement du secteur privé, la réforme des entreprises publiques et du secteur privé, la libéralisation du secteur financier, le renforcement de l'Etat de droit, la réforme des systèmes d'éducation pour répondre aux besoins du marché du travail, ainsi qu'une réglementation du marché du travail afin de favoriser les investissements. Des mesures qui doivent également s'accompagner de stratégies pour gérer les conséquences sociales du changement. Il a ainsi été souligné que les politiques devaient nécessairement : concevoir un dispositif de sécurité sociale pour protéger les sans-emploi et les groupes vulnérables, introduire des initiatives de développement du secteur privé, ou encore mettre en place des mesures pour limiter le coût social de la restructuration des entreprises publiques. La Conférence EuroMed de Marrakech a vu la participation de représentants des principaux acteurs clés de la réforme économique (employeurs, employés et femmes), venus des quatre coins du bassin méditerranéen. Parmi eux, on peut citer quelques intervenants marocains tels que Zineb Touimi-Benjelloun, de l'UNIFEM, animatrice de l'atelier de «La femme», ou encore Mohammed Sijdari, Professeur universitaire à Rabat et animateur de l'atelier «Le secteur privé». Mme Touimi-Benjelloun a remarqué que la restructuration et la libéralisation économique pouvaient se solder par l'exclusion sociale de certains groupes et, en particulier, des femmes qui souffrent déjà de taux d'analphabétisme et de chômage supérieurs à ceux des hommes dans la région méditerranéenne. M. Sijdari, lui, a souligné l'importance du secteur privé dans les efforts de réforme déployés par les pays du Maghreb et la nécessité de renforcer son rôle comme moteur principal de croissance dans les pays du bassin. Parmi ses recommandations destinées aux différents gouvernements : le renforcement des partenariats entre secteur privé et société civile, fournir un cadre institutionnel et réglementaire approprié permettant le développement du secteur privé, protéger et soutenir l'Etat de droit, renforcer les associations commerciales et industrielles pour permettre le groupage et obtenir ainsi des économies d'échelle, ou encore mieux concevoir les politiques fiscales, pour réduire un fardeau inutile pour les sociétés. Au final, les différents intervenants se sont félicités des travaux et des résultats de ladite rencontre, tout en demandant qu'une conférence complémentaire soit organisée. Elle porterait notamment sur les implications des réformes pour une large frange des acteurs sociaux et économiques.