Réagissant au scandale des contrats spéciaux de la formation au profit de sociétés fictives, le secrétaire d'Etat chargé de la Formation professionnelle, a assuré que son département passera au peigne fin les comptes de l'OFFPT. Saïd Oulbacha, le secrétaire d'Etat chargé de la Formation professionnelle, avait rendez-vous, mardi soir, avec les membres de la Chambre des conseillers pour une question importante qui a capté l'attention de plusieurs observateurs. En effet, les groupes parlementaires de l'Istiqlal, de la Confédération démocratique du travail (CDT) et de la Mouvance Populaire, ont interpellé Oulbacha au sujet du dossier «des contrats spéciaux pour la formation avec des sociétés fictives». Rappelons, tout d'abord, qu'en 1996, l'Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) avait mis en place, avec le soutien de la Banque Mondiale, un programme de financement destiné aux entreprises, dans le but de financer la formation continue de leurs salariés. Ce programme a été baptisé «contrats spéciaux pour la formation». Le principe était bon, mais son application est moins louable. Et pour cause, il s'est avéré que la délégation de l'OFPPT à Casablanca a octroyé dans les exercices 2002 et 2003 des crédits à 28 sociétés fictives. «Dès que l'Office m'informa de ces irrégularités, le 29 avril dernier, j'ai pris dès le lendemain une série de mesures», assure le secrétaire d'Etat chargé de la Formation professionnelle. Tout d'abord, Oulbacha a saisi, par écrit, le ministre des Finances, Fathallah Oualalou, afin qu'il diligente «en toute urgence» à l'OFPPT une équipe de l'Inspection générale des finances (IGF). Oulbacha a assuré que dès la première semaine du mois de mai, des enquêteurs de l'IGF étaient présents sur place, c'est-à-dire dans la délégation de Casablanca. Leur mission a pris fin le vendredi 11 juin 2004. «Le rapport de l'IGF me sera remis dans les prochains jours», précise Oulbacha. Et d'ajouter que «les inspecteurs des finances poursuivront leur enquête dans d'autres délégations». Il s'agit vraisemblablement des délégations importantes comme celles de Fès, Tanger ou Agadir. En outre, en sa qualité de président du Conseil d'administration de l'OFPPT, Oulbacha a demandé, le 26 mai, à l'avocat de l'Office de porter plainte contre «X». Toujours dans le domaine judiciaire, le secrétaire d'Etat a transmis un dossier complet sur l'affaire au ministre de la Justice, Mohamed Bouzoubaâ. A cet effet, Oulbacha a assuré que la BNPJ a été saisie de l'affaire et que les officiers de cette brigade ont déjà débuté leur enquête. A ce titre, certains responsables de l'OFPPT ont été avisés de leur interdiction de quitter le territoire. Après plusieurs réunions avec les responsables de l'OFPPT, le secrétaire d'Etat est arrivé à la conclusion que d'autres sociétés fictives auraient pu bénéficier des fonds de la formation, et ce depuis le lancement du programme en 1996. Pourtant, le programme des contrats spéciaux subit, annuellement, un contrôle d'audit réalisé par un commissaire aux comptes choisi par l'Office. A aucun moment ce commissaire aux comptes n'a tiré la sonnette d'alarme. En fait, le scandale de l'OFPPT pourrait être aussi grave, sinon plus que ceux du CIH, de la BNDE ou de la CNSS. C'est la raison pour laquelle, Oulbacha a sollicité de l'IGF qu'elle réalise un audit complet sur la gestion de l'Office et ce depuis 1996. Impossible donc d'avancer un chiffre exact des détournements de derniers publics, mais d'ores et déjà certains parlent de plusieurs dizaines de millions de DH.